Ce que la violence laisse derrière elle

Non, c’est le contraire qui devrait arriver. Tu devrais avoir le droit au silence. Ceux qui ont vécu la violence devraient avoir le droit au silence. Ils devraient avoir le droit de ne pas en parler. Ils devraient être les seuls à avoir le droit de se taire. Et ce sont les autres à qui on devrait reprocher de ne pas parler.

Histoire de la violence raconte, ou plutôt dissèque en ouvrant à vif un événement tragique, un traumatisme que l’auteur a vécu. Cela commence presque comme un conte moderne : une rencontre inattendue, passionnelle. Puis, soudain, la brutalité. La violence qui s’abat.

Et ensuite, une autre forme de violence : celle du souvenir, de la mémoire qui rejoue la scène encore et encore.

La seule issue consiste à réussir à atteindre une forme de mémoire qui ne répète pas le passé".

Enfin, la dernière : celle de la parole. Celle qu’on vous impose.

Ils veulent t’enfermer dans une histoire qui n’est pas la tienne. Ils veulent te faire porter une histoire que tu n’as pas voulue.

Ce récit intime qu’Édouard Louis nous livre fait écho. À ceux qui ont connu, de près ou de loin, la violence. Pour moi, il s'agit d'une catharsis, il a réussi à mettre des mots sur des ressentis. En particulier, cette peur que la violence hante à jamais, qu’elle marque l'identité au fer rouge, jusqu’à s’y confondre, jusqu’à presque la remplacer...