Un soir de Noël, Edouard Louis rentre chez lui après un repas avec des amis. Un inconnu l’aborde dans la rue, les deux hommes sympathisent et se retrouvent rapidement dans le studio de l’écrivain. Ils passent la nuit ensemble, Vers six heures du matin, pour un quiproquo au sujet d’un téléphone, l’homme nommé Réda, sort un revolver, insulte l’écrivain, l’étrangle et le viole. Ce livre témoigne de cet événement.


Le style est frénétique, l’usage de phrases longues et complexes presque dénuées de ponctuation accrédite l’urgence du récit, la profondeur du traumatisme. Cette écriture faussement irréfléchie peut s’avérer parfois difficile à suivre. Je ne suis pas certaine d’avoir compris à juste titre le sens de ce roman. Je trouve peu de corrélation entre le titre du livre et son contenu, à moins d’être réellement passée à côté. Lors de leur nuit passée ensemble, Réda relate son enfance ainsi que les difficultés rencontrées par son père originaire d’Algérie pour s’adapter à la France. Cela n’explique pas les gestes à l’encontre du jeune Edouard. Le point de départ de l’agression me semble être un différend à propos d’un téléphone, Réda pense qu’Edouard l’accuse d’avoir dissimulé son téléphone et lui saute dessus comme un forcené, mais cela n’apporte aucune explication sur l’origine de la violence de Réda, ni de la violence en général.


Par contre, j’ai trouvé la structure du récit intéressante. Bien après l’événement, Edouard Louis raconte à sa soeur Clara l’agression dont il a été victime. Celle-ci raconte à sa manière les faits à son mari tandis qu’Edouard Louis est dans la pièce voisine et entend tout. C’est le récit de sa propre soeur qu’il relate dans ce roman, en partie entrecoupé de ses propres réflexions. Pour quelle raison a t-il employé ce stratagème ? Est-ce pour rappeler aux lecteurs ses origines modestes, le rapport difficile qu’il entretient avec sa propre famille ? Est-ce pour proposer un point de vue différent du sien sur les événements ? Je n’ai pas la réponse, j’ai lu ce livre jusqu’au bout car je suis réceptive à la sensibilité de l’auteur, notamment lorsqu’il évoque de façon très précise ses traumatismes. Ce roman est pour lui l’occasion de se questionner sur le monde qui nous entoure, notamment sur les origines de chacun, sur la misère et le racisme. Je garde malgré tout un sentiment d’échec par rapport à cette lecture dont le sens m’échappe encore.



loeilnoir
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le 25 sept. 2025

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