Par l’utilisation d’un style enfantin, Hors de l’abri nous plonge d’entrée dans le monde de Timothy Young, un môme de cinq ans qui affronte le Blitz de Londres en 1940, tout en prenant conscience des autres. Puis le style s’épure, le vocabulaire évolue, s’enrichit et nous grandissons avec l’enfant. D’abord dans la campagne, loin de la guerre, puis, après elle, dans l’austérité, en passant par une éducation catholique obligatoire.
Le roman fait alors la part belle à l’été 1951, durant lequel l’adolescent décide sans le vouloir de prendre son envol. Il quitte l’ennui, le rationnement, le cocon familial pour aller découvrir l’opulence et l’immensité du monde, autant qu’il se découvre lui-même, à travers la sexualité, la culture, l’échange ou l’expérience.
Hors de l’abri est un roman d’apprentissage et de fiction. Mais David Lodge, son auteur, nous tire le portrait de son double à la troisième personne, tant son histoire personnelle transpire sous les traits de son personnage. Malgré certains thèmes assez graves impliqués naturellement par le contexte historique, le roman reste cependant léger, tendre, universel et évoque, comme son titre l’indique, toutes les délivrances, tous les épanouissement. L’intérêt ne se trouve donc pas dans ce qui est vécu, mais dans ce qui est ressenti ; dans ce cheminement intérieur auquel on participe avec délectation.
Hors de l'abri a paru une première fois en 1970, tronqué par la maison d'édition, puis une seconde fois en 1985, complété et retravaillé par Lodge.