Un choc littéraire
Oran 2018, Aube est la seule survivante du massacre de sa famille et rescapée d'un égorgement lorsqu'elle avait 5 ans à la fin des années 1990 dans le village de Had Chekala. Elle se fait, pour la...
le 8 sept. 2024
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Oran 2018, Aube est la seule survivante du massacre de sa famille et rescapée d'un égorgement lorsqu'elle avait 5 ans à la fin des années 1990 dans le village de Had Chekala. Elle se fait, pour la fille qui grandit dans son ventre, la narratrice sans voix de cette tragédie devenue le grand tabou de l'Algérie.
Elle cache sous un foulard, l'histoire d'une guerre inscrite sur son visage depuis qu'elle est enfant. Elle est muette, ne sens plus aucun parfum, une cicatrice au cou, elle respire par une canule, son sourire monstrueux va d'une oreille à une autre dessiné par la lame d'un couteau. Elle porte sur son visage la beauté et l'horreur.
Aube entame un long monologue avec celle qui pousse dans son ventre, qu'elle dénomme Houri. Elle veut montrer à sa fille ce village où sa soeur a été égorgée et où elle a été laissée pour morte. Lors de ce voyage vers son village martyr, elle rencontre Aïssa dernier survivant d'une famille de libraires et Hamra vierge kidnappée par les terroristes, mariée d'office à un combattant puis à un second après la mort du premier.
Kamel Daoud nous offre un roman grandiose, violent et poétique, un voyage au bout de l'enfer de la guerre civile algérienne. L'histoire d'une amnésie organisée, imposée. La loi de la « Réconciliation » qui prévoit trois à cinq ans de prison pour quiconque ouvre la bouche sur cette période. La guerre civile, dix années, 200.000 morts dont 1.001 victimes en une nuit le 31 décembre 1999 à Had Chekala, dont le seul crime des habitants était d'avoir dit non à l'obscurantisme. Les faux barrages, Les faux policiers qui fouillent tous les véhicules, rackettent les voyageurs, puis les égorgent un par un. Les bombes, les décapitations, les femmes kidnappées puis violées, les morts découpés en morceaux, à la hache.
Kamel Daoud ne pouvait choisir qu'une femme comme personnage principal, parce que ce sont les femmes qui dans le monde dit arabo-musulman sont réduites au silence et qui dans les guerres sont les victimes jamais «réparées». On pardonne aux égorgeurs d'enfants, mais une femme qui s'est fait violer dans un maquis, on ne lui pardonne pas. Les gens d'ici ne veulent pas se souvenir du passé. Kamel Daoud brise le tabou de la guerre civile algérienne, c'est le roman choc de cette rentrée littéraire.
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le 8 sept. 2024
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