Des avis divergents sur le site, ce qui signifie diversité de lecteurs, diversité de culture, diversité d’espérance / contenu, et d’attente / prix Goncourt.
Je suis moi-même très dubitative pour écrire mon ressenti, restant neutre avec la polémique qui entache l’auteur de ce livre et l’histoire de son héroïne. Car, pour précision, Kamel Daoud est assigné en justice par Saâda Arbane à Paris le 07/05/2025, pour lui avoir « volé » son histoire. A suivre…
Un texte dont je souhaitais la lecture, le sujet abordé par un algérien vivant les événements sur le terrain à l’époque, me semblait important à découvrir.
Après la lecture et ma tentative d’analyse, l’auteur me semble un dissident, et du régime policier et de la dictature de la religion imposée à chacun, dont le résultat impose la soumission dictée par la voix des imams aux hommes, qui eux-mêmes l’imposent aux femmes, êtres inférieurs, par des hadits restrictifs proclamés et appliqués. Par exemple, en situation d’héritage, elles n’ont droit qu’à ½ part, face aux hommes ; ou bien plus hallucinant p 84 : les catastrophes naturelles sont de leur responsabilité et le résultat de leurs péchés, et p100 : « Dieu précise qu’il faut labourer ses épouses comme on le fait d’un sol dur » !
Utiliser le sort d’une rescapée des tueries de la décennie de la guerre civile dont la décapitation a été ratée, Aube/Faj’r, est un exemple noble de la tragédie des survivants, culpabilité des massacreurs amnistiée. Sa parole « intérieure » a toute sa résonnance dans l’après, mutique et oublieux des gouvernements successifs. Immédiatement, je me suis sentie en totale osmose avec ce personnage de femme révoltée, insoumise, provocante et libre qui refuse de donner la vie à son fœtus en gestation (qu’elle espère fille), dans un pays qui ne veut pas des femmes, sauf la nuit pour les « labourer ».
Il opère son ouvrage en dénonçant les conséquences de l’immobilisme, l’impunité et la corruption en Algérie dans les trois domaines suivants : politique, religieux et social. Tout le texte n’est que régurgitation du pus d’un abcès interne trop longtemps mûri. Un écrit courageux, cathartique ? possible. C’est un roman, donc pas le témoignage d’une rescapée, l’auteur assume seul la responsabilité de ses propos.
Peut-être aurait-il pu faire plus court ? la 2ème partie me semble trop dense et longue, la 3ème partie assez brouillonne, mais sans doute est-ce pour que le lecteur s’imprègne bien du contexte oppressant dont souffre (ou pas) une partie de la population ? Quant à l’épilogue qui est porteur d’espoir, de naissance et de renaissance, il donne un nouvel éclairage au récit, et un peu de lumière dans cette ténébreuse réalité !