Curieuse lecture mais néanmoins intéressante que celle-ci.
Je suis très loin d'être spécialiste de littérature japonaise. Ce roman m'avait toutefois attiré de par son synopsis et la promesse de rentrer dans la peau d'une fan excessive d'idol. Ce que je peux déjà dire c'est que la promesse est tenue. On suit Akari, jeune lycéenne nippone en situation d'échec scolaire, ayant des difficultés à assumer son job d'étudiante et ne répondant pas aux attentes de ses parents. Celle-ci ne semble vivre que pour suivre son idol, étudiant sa vie et ses interviews sous tous les angles possibles, délaissant tout le reste.
Le roman est écrit à la première personne du point de vue d'Akari ce qui nous permet d'adopter son point de vue aussi bien sur ses émotions que sur le monde qui l'entoure. Ce choix est pertinent car il permet d'illustrer l'incompréhension d'Akari et la perdition dans laquelle elle se trouve. Par exemple lorsque son entourage familial s'inquiète de son échec scolaire et de son incapacité à trouver un emploi on suit ces scènes non à travers l'inquiétude de la famille mais à travers l'incompréhension, le dépit et la tristesse d'être incomprise d'Akari ce qui nous fait ressentir de la compassion pour elle alors qu'une narration plus impersonnelle nous aurait plutôt fait ressentir l'inquiétude des parents et fait partager leurs émotions à eux.
Ce qui frappe dans ce livre c'est la retenue avec laquelle l'auteure présente son histoire. Elle s'abstient durant toute la narration d'emmètre le moindre jugement sur sa protagoniste et les personnages l'entourant ce qui rend la situation d'autant plus tragique. Vu de l'extérieur on voit bien que la passion d'Akari pour son idol gâche sa vie mais on est obligé de constater que rien dans le comportement de ses proches ne peut parvenir à la faire sortir de la torpeur dans laquelle elle est prise. Par exemple à travers ses souvenirs d'enfance on constate qu'Akari possédait des capacités de mémorisation moindres que sa grande sœur ce qui poussa sa mère et sa grande sœur à constamment lui renvoyer une image d'incapable. Au final c'est comme s'il n'y avait pas de coupables, on assiste juste tragiquement à l'effondrement progressif d'une jeune fille incapable de développer un amour-propre se réfugiant dans l'adoration d'un autre être pour se fuir soi-même. La narration insiste plusieurs fois sur le fait qu'Akari trouve sa propre existence, sa chair même, comme pesante, trop dure à supporter. Sa volonté semble brisée, elle n'exprime même pas de rage contre ses proches et sa situation, se contentant de la supporter passivement.
Au final cette lecture nous plonge dans la peau et la tragédie que représente le fait d'être mal dans sa peau et de ne pas s'aimer soi-même et montre en quoi des comportements que de prime abord on ne comprend pas et qui semblent incongrus peuvent être les seuls échappatoires que des être brisées trouvent pour fuir leur existence. Pascal parlerait ici de divertissement poussé à son paroxysme.