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Le titre est un euphémisme qui annonce la couleur du rire, laquelle ?
Sachant par ailleurs que l'humour, quoi que des plus sous-estimés matériaux artistiques, répond pourtant à la nécessité de supporter la condition humaine, nous accordons trop de crédit aux œuvres dites "sérieuses". Le sérieux est un ennemi de l'esprit humain, il se gorge d'un sang plein de pathos et qui, comble de l'ironie, au moindre écart, à la moindre bévue peut friser le ridicule. Je pense notamment aux créations du grand Cormac MacCarthy dont la prose est si sombre, si violente, que lorsqu'il se met à décrire des objets du quotidien (une poubelle par exemple) avec un style apocalyptique on en rit malgré soi et notre âme coince dans la grille de lecture ...
Je pense notamment aux films engagés qui manquent tellement de recul que cela donne pour résultats de la naïveté, de la mièvrerie. De toutes façons, délivrer un message à travers une œuvre démontre bien la vanité humaine dans toutes sa splendeur et j'aimerais autant dire à l'écrivain "nihiliste" Pizarev (1840-1868) que non, je préfère Shakespeare à une paire de botte !
L'humour volontaire ridiculise la peur, l'oppresseur, l'injustice et la mort ; la comédie, la satyre prend à bras le corps son potentiel ridicule, le clown a beau avoir subit toutes les souffrances du monde qui l'entoure, il appuiera toujours son nez contre la face du Dieu vengeur.
L'humour peut être signe d'un manque d'empathie comme le décrit Bergson (l'autre soir j'ai vu des présentateurs télés rire d'une fille tombant du haut de ses talons sur une table remplie de flûtes de champagne)
On subit l'humour de Guillaume Meurice, qui, dans le cadre d'une émission hype affirme que la Bible est son livre de science fiction préféré. De la facilité, je le lis dans vos cœurs, son humour est tellement propre que je pourrais m'essuyer avec.
Il y en a d'autres qui contrairement aux Calimero de l'âge moderne, ne se lamentent pas, ne se flagellent pas pour inspirer la pitié des simples d'esprit mais font usage de l'auto-dérision comme pour renforcer le système immunitaire. Cette subtile discipline a pris racine dans l'humour juif dont les chantres sont Woody Allen, Jerry Seinfeld, Larry David et tout un monde de talents extraordinaires... et c'est dans ledit ouvrage "Inconfort Mineur" que Floutier excelle dans l'art de l'auto-dérision.
Tout d'abord, j'ai eu le privilège d'obtenir un exemplaire dont la tranche du livre ne porte aucun titre, j'ai trouvé cela très drôle, à l'instar d'un Didier Super qui vendait ses jaquettes CD à moitié déboîtées, cela pour renforcer le ton parodique de son personnage. En saisissant ledit ouvrage, la première approche tient donc d'une matérialité de l'humour, c'est à dire une tranche vierge ! Une volonté de s'effacer parmi les autres livres, de sorte à emmerder les libraires très à cheval sur le classement alphabétique.

Ensuite, le recueil s'inscrit dans une tradition du stand-up, les personnages de ces récits sont les doubles littéraires de l'auteur qui du haut de son estrade nous fait part de son vécu, de ses expériences surréalistes dont il minimise la gravité des situations. Son micro réfracte une voix blanche tout aussi blanche que son style d'écriture, une parenthèse s'impose quant à ce fameux style que l'on associe automatiquement aux écrivains-sociologues (Houellebecq, Annie Ernaux etc...) Rien de Michonnien en somme. La restriction des "moyens techniques" est une composante essentielle de l'humour, elle traduit d'un décalage entre la situation donnée et le ressenti du personnage. Si la grandiloquence traduisait les états d'âme du dindon de la farce, on y verrait un effet poussif, artificiel à l'instar du mauvais Dupontel ( Le "bon" Dupontel étant à l'autre bout de l'univers parallèle, dans cet univers parallèle, "Adieu les cons" serait un chef d'œuvre et ne recevrait pas le césar du meilleur scénario).
Il nous fait part de son manque d'inspiration à travers l'allégorie kafkaïenne d'une personne qui l'épie depuis l'angle de sa chambre ; de ses situations amoureuses par le biais de ces quelques paraphilies fantastiques ; de sa phobie sociale, administrative par l'emploie quasi obsessionnel de sigles dans une nouvelle de science fiction. Un livre que j'ai pris plaisir à lire malgré sa brièveté.

Oktemuza
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le 12 nov. 2021

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