Non, vraiment, je ne comprends pas que ce livre ait pu recevoir le Goncourt. Notre distinction littéraire la plus prestigieuse, donnée à un livre imbuvable, décousu et illisible.
D’abord je n’ai pas du tout aimé le style : des phrases trop courtes, suivies de phrases sans verbe, puis sans transition des phrases beaucoup trop longues, sans cohérence. Ensuite l’usage de mots allemands à chaque page me paraît complètement inutile, cela n’apporte rien. Des mots allemands, des expressions allemandes, des extraits de poésie allemandes. Bref tout y passe, systématiquement suivi de la traduction française. Ensuite la temporalité fait des bonds dans cesse, parfois avec date mais parfois sans : on est toujours perdu. Enfin et c’est le plus pénible : un style opaque, presque ésotérique : on n’est pas bien sûr de comprendre ce que l’auteur explique, c’est souvent très confus.
Bref après une quarantaine de pages à ce rythme et je n’en pouvais déjà plus. J'ai abandonné à 60 pages, ce qui est rarissime chez moi.
Il y a tellement de très bons livres, ne perdez pas votre temps avec cette horreur.
Extrait, la page 43 dans sa totalité, une belle farce grotestque à l'image du livre :
« Mein liebes Kleines, ma petite chérie... » La voix était rauque... « On va rectifier ça un tout petit peu, ce nez de canard »... une voix de basse qui détachait les syllabes... La jeune fille leva les yeux et la regarda en souriant : coiffure à la garçon, Bubikopf, lèvres peintes en rouge profond, la fameuse Trude Colman tenait le fume-cigarette entre majeur et index, paume en l'air... « Un peu plus droit ce nez... à peine, et voilà, une star est née...» Avant-bras tendu en avant... géométrique découpe dans le costume noir au pli impeccable, face mec de Marlene : todtchic, chic à mort... La vraie Berlinoise cosmopolite, grande élégance, belle allure vraiment, hautaine mais esprit léger, du goût pour les bons vins... les jolies femmes : un archétype qui aurait pris possession de quelqu'un. Un petit écho persistant de la fin des années vingt, République de Weimar, Georg Grosz, Wedekind qui récite des poèmes, Brecht, manteau de cuir de belle coupe et havanes, un aristocratisme vaguement voyou, Albertine Zehme chante, dans un cabaret, pour la première fois, Pierrot lunaire, d'Arnold Schoenberg, ah! non, pour Albertine il faut encore remonter le temps de huit ans: Berlin 1912, mais la trace est encore là et pour longtemps, musiques canailles, corps fiers, pleins d'amour-propre, audacieux corps d'acrobates : « Akroba-a-at! Schö-ö-ön! » répète alors le clown Grock, oui, c'est beau un acrobate, la haute voltige aérienne, cette fierté irraisonnée, suspendue à des filins sous l'immense toit ouvrant du Wintergarten avec, en supplément de programme, les Weintrop Syncopators : ils jouent à eux six de vingt-cinq instruments, panto-mimes, mélange de jazz américain et esprit viennois!