L'histoire commence dans une résidence de personnes âgées, la narratrice qui a des doigts déformés, a été autrefois accompagnatrice au piano, elle se lie d'amitié avec M. Amber dont l'oeil gauche couleur ambre ne semble plus voir.


Ce roman est donc l'histoire de ce vieil homme qui n'a qu'un filet de voix, il ne produit qu'un semblant de murmure. Parler fort était une des interdictions de sa maman. L'autre interdiction était de ne jamais sortir à l'extérieur du mur de briques. Pendant près de sept ans, Ambre, sa soeur aînée Opale et son petit frère Agathe ont vécu enfermés dans la villa, sans téléphone, ni télévision, ni journaux, sans fréquenter l'école, avec pour seuls amis les insectes et les petits animaux du jardin. Seule l'aînée Opale garde des souvenirs du monde extérieur qu'elle a connu. Leur mère travaille comme assistante pour les curistes. Ils ne connaissent rien du monde en dehors de ce qu'ils lisent dans les encyclopédies.


C'est dans l'encyclopédie illustrée des sciences pour les enfants qu'ils ont choisi leur nouveau prénom, maman veut qu'ils oublient leur nom d'avant. Tout cela à cause d'un chien maléfique qui a emporté leur petite soeur. Ils ne s'éloignent jamais l'un de l'autre, on peut dire qu'à eux trois ils ne font qu'un. A eux trois ils partagent des secrets, ils s'inventent des jeux, les olympiades, le jeu des circonstances, celui des situations.


J'ai trouvé ce roman difficile à lire, le récit est rempli de métaphore, nous sommes plongés dans un monde de l'imaginaire auquel il ne m'a pas été toujours facile d'accéder. Une atmosphère particulière entre conte de fées et huis clos angoissant.


L'auteur avec son écriture poétique nous décrit le monde que les enfants se sont inventé et M.Amber Ambre, n'a vraiment existé que pendant les années où il est resté enfermé avec sa soeur et son frère dans cette villa entourée d'un mur de brique. Leur univers se résume à un âne, un chaton, un professeur qui vit dans l'oreille de la soeur, et surtout Joe le marchand ambulant, qui tel un prestidigitateur fait apparaître toutes sortes d'objets de ses sacoches et leur apporte la totalité du monde. Ambre qui dessine dans la marge des encyclopédies des instantanés, des silhouettes fragiles comme sa voix, des dessins minuscules, microscopiques où vient habiter sa petite soeur décédée.


Un roman très original, à lire doucement pour en comprendre toute la magie et ne pas sombrer dans l'ennui. L'univers de Yôko Ogawa est toujours étrange, baroque, beaucoup de choses sont suggérées, il faut accepter ces règles pour profiter pleinement de ce livre.

feursy
7
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le 10 août 2018

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Yves MONTMARTIN

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