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Instruction des laïcs
Fiche technique
Auteur :
Jonas d'OrléansÉditeur :
Éditions du CerfRésumé : Au IXe siècle, la vie monastique semble à tous être le modèle de vie chrétienne par excellence. Un haut dignitaire laïc, le comte d’Orléans Matfrid, demande à l’évêque Jonas comment il peut plaire à Dieu dans sa vie d’homme laïc marié. Jonas répond par cette longue réflexion : nous avons là l’un des premiers traités du Moyen Âge à l’usage des laïcs, qui s’inspire de la tradition des traités antiques d’éducation, tout en s’adaptant au contexte nouveau de la société carolingienne. Il valorise le statut du laïc, qu’il appelle à la vie spirituelle, à la pratique des sacrements... et au mariage, dont il a plaisir à dire la valeur. Les manuscrits nous ont transmis deux versions du traité, car Jonas a retravaillé son œuvre. La présente édition, pour la première fois, permet au lecteur de lire le texte dans sa version définitive, tout en mettant en évidence les modifications apportées au cours de la réécriture, ainsi que les nombreuses sources patristiques utilisées. Ces deux volumes (SC 549 et 550) offrent donc à la fois un texte novateur et important au grand public, et un outil de travail aux spécialistes. On attendait une édition critique nouvelle de ce traité, l’un des rares, à l’époque carolingienne, qui s’adresse à des laïcs vivant dans le monde (primitivement, l’écrit était dédié à Matfrid, comte d’Orléans, qui en était le commanditaire), et qui leur suggère comment y vivre en chrétiens au lieu de les inviter simplement, comme on le faisait couramment, à entrer dans la vie monastique. Jonas ayant donné de son vivant une nouvelle édition de son traité, les deux états sont édités ici, avec une typographie qui permet de voir ce qui a changé d’une édition à l’autre. On pourrait voir avant tout dans ce traité un centon patristique : comme beaucoup d’auteurs carolingiens, Jonas puise abondamment chez ses prédécesseurs antiques – jusqu’à Bède le Vénérable, en passant par Grégoire le Grand et Isidore de Séville. Mais il s’adapte à une société nouvelle. Les appels à la responsabilité des chrétiens laïcs sont nombreux : le seigneur (ou ce qui deviendra le seigneur féodal) se voit attribuer, par rapport à sa maisonnée, une fonction pastorale de soin des âmes, un peu comme les patriarches du Premier Testament. Des travers sont vivement dénoncés, notamment chez ceux qui vivent à part de la communauté chrétienne à cause de leur rang : ils se font édifier des chapelles privées pour éviter de se rendre à l’église du village, et prennent le chapelain desservant pour leur domestique. Le livre 1 insiste sur le devoir de fraternité : solidarité dans le bien, prière, sanctification, recherche du seul bien commun… Certains historiens ont dénoncé dans ce traité une pure utopie ! Le livre 2 est consacré à la morale sexuelle et dit du bien du mariage, à une époque où les moines monopolisaient le modèle de la vie chrétienne. L’auteur insiste sur la responsabilité éducative qui s’ensuit, d’élever des petits chrétiens… De fait, la procréation est pour l’auteur, à la suite des Pères qu’il cite, la seule justification de la sexualité. Le livre poursuit avec divers aspects concrets de la vie de laïc dans le monde : pratique des sacrements, respect du clergé, œuvres de charité, etc. Le livre 3 aborde plus largement la morale chrétienne : vertus et vices, dispositions intérieures, jugement dernier…

