Les destins croisés de deux hommes qui a priori n'ont rien à voir. Le premier, Conrad, jeune tchèque de vingt-quatre ans, tout frais émigré à Paris. Pas bien futé, mais transpirant la gentillesse, il va s'installer chez le célèbre auteur Milan Kundera dont il pense être le neveu. Ce dernier ayant l'habitude de recevoir chez lui toute une pléthore de famille imaginaire, le loge et lui trouve même un petit boulot chez Gallimard. Dans les quartiers bourgeois, Victor, nouveau riche grâce au Quinté +, se prépare à fêter les trente ans de sa compagne avec laquelle il vit depuis 8 ans, il espère que son cadeau lui plaira. Étrangement, les sardines millésimées qu'il a choisies finissent sur son pull-over et mettent fin à leur histoire. Il faut avouer que Victor ne comprend rien aux relations humaines, il vit en éternel enfant dans son appartement luxueux. Pour ne rien gâcher, la jeune femme, qui se faisait entretenir pendant ces années, ne peut faire autrement que de rester vivre dans l'appartement, du moins, le temps de trouver autre chose. Il décide de retourner chez ses parents, mais très vite, il comprend que c'est une erreur, et l'on comprend mieux d'où viennent ses problèmes de socialisation. Il essaie de prendre conseil auprès de son ami Edouard, exemple de réussite sociale, banquier, marié deux enfants. Pour lui, il est évident que Térésa, l'ex petite amie de Victor souffrait d'un désir d'enfant inassouvi. C'est au cours d'une promenade dans Paris qu'il trouve une solution. Obligé de s'abriter dans une librairie à cause d'une pluie battante il tombe nez à nez avec Conrad, au charme duquel il succombe immédiatement. Le jeune tchèque lui narre ses mésaventures parisiennes sans complexes, son habitat miteux, et outré, Victor décide de lui venir en aide, et ni une ni deux, il le prend sous son aile. Il est évident que Térésa ne pourra pas rester insensible à la gentillesse de Conrad et se devra de louer son colocataire de lui avoir ramené cet ersatz d'enfant!

Quel OVNI que ce roman! Le tout début fait vraiment penser à du Milan Kundera, qui est d'ailleurs invoqué dès les premières pages. Le clin d'œil ne s'arrête pas là car la petite amie du deuxième personnage principal s'appelle Térésa alors que la bien-aimée du narrateur de L'insoupçonnable légèreté de l'être ,s'appelle, elle, Tereza. Le style, change très vite, en gardant une certaine densité, rythmée par des jeux de mots et des calembours de bon goût. Les péripéties qui attendent nos héros sont complètement surréalistes, entre l'attaque d'un singe nommé Lennon MacCartney qui agresse les amateurs des Rolling Stones, et les concierges tués tour à tour à coup de gros chèques. Bon, j'avais vu venir l'identité du magicien espagnol mais ça n'a gâché en rien mon plaisir à la lecture de ce livre. J'ai même éclaté de rire à plusieurs reprises, ce qui ne m'arrive pas souvent, je ne suis pas "bon public". Ces passages drôles sont alternés par des réflexions psycho-philosophiques vraiment intéressantes. J'ai adoré le personnage parvenu, qui ne comprend absolument rien à ses pairs et se plante complètement à chaque stratégie qu'il pense brillante. Conrad, qui est un simplet au début de l'histoire nous bluffe tous, car bercé par l'amour de ses colocataire il développe un véritable génie, et devient le nouveau Proust. Il est un véritable condensateur par sa gentillesse absolue et bouleverse à jamais tout ceux qu'il va croiser au cours de ce roman. Les parents de Victor sont eux aussi savoureux, le père brimé, petit et silencieux, et la grosse maman, qui suce la moelle des malheurs de ses proches pour se faire valoir auprès de ses voisins. En bref, une heureuse découverte pour le premier roman non conventionnel d'un auteur trop peu connu!
Diothyme
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le 21 févr. 2011

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