Jean-Philippe Jaworsky, quel bonheur d'avoir croisé ta route! Je ne crois pas être tombé à ce point là sous le charme d'un auteur à la seule lecture d'un recueil de nouvelles. Qui plus est son premier recueil!
C'est au détour d'un petit billet dans un Canard PC que j'ai entendu parlé de toi. Cette critique (dithyrambique au demeurant) nous invitait plus que cordialement à la lecture de ton premier roman, Gagner la Guerre. La chronique ne manquait pas de rappeler la belle découverte que fut Janua Vera. Et ceci n'est pas tombé sous le mauvais oeil d'un borgne! Je me suis donc empressé d'aller trouvé chez mon libraire ce merveilleux recueil. (Et puis je n'avais pas mieux à faire en attendant la sortie de l'édition poche de Gagner la Guerre...).
Franchement je ne m'attendais pas à grand chose. Alors autant dire que j'en ai eu le souffle coupé. Dès la première nouvelle (pourtant bien différente du reste), je me suis laisser emporté dans un puits sans fond. J'ai été très impressionner par le style. Quelque chose de très recherché, de très exigeant, d'une qualité rare. Un style parfois virtuose, jamais pompeux et encore moins m'as-tu-vu.
Jaworsky est un écrivain talentueux, et il n'y a pas de raison qu'il nous le cache. Pas de fausse modestie ni de faux semblant. Ce mec est un gros bilou de la plume, point barre! On l'envie souvent à la limite de la jalousie et on le loue la plupart du temps.
Mais le talent de Jean-Philippe Jaworsky ne se limite pas à la beauté de son style. Ce monsieur est un grand raconteur d'histoire. Un très grand même. Le récit est irrésistible, vaste, renouveler à chaque nouvelle. Jaworsky est un explorateur, il prend des risques, joue, s'amuse et nous avec.Il ne tombe pas dans la facilité, il place même la barre très haute. Et quel résultat!
On pourrait presque se sentir larguer, pour pas dire blasé lorsqu'on prend conscience de la facilité avec laquelle il jongle avec une pluralité de point de vue, d'état d'âme. Un coup il adopte la vision d'un monarque ivre de pouvoir, puis d'un chevalier sans peur et sans reproche, d'un barbare, d'un assassin, d'une petite fille, d'un prêtre du Culte du Desséché.Et on en reste baba.
Mais tout ceci serait vain, inutile et se serait surtout un immense gachi s'il n'y avait un catalyseur, un soufle divin fédérateur, un terreau d'un fertilité hors du commun: l'univers de Jaworsky. Mon dieu! Combien de partie de JDR autour d'une table a t-il pu masterisé pour en arrivé à un monde aussi passionnant ? Bien sûr rien de fondamentalement original. Mais tout ceci est tellement bien agencé, tout sonne juste, crédible et parfaitement maîtrisé. La République Ciudalienne nous rappelle Venise au temps de sa gloire, Ouromagne le royaume germain, Ressine la Perse, etc... Tout est à sa place, les contours sont nets et sans bavure. On passe d'une région à l'autre et on en redemande.
Alors si vous aimez la Fantasy. Une Fantasy plutôt réaliste, très documenté (Jaworsky fournit un boulot de documentation tout simplement hallucinant. Le bonhomme parle pas sans savoir et s'être renseigné avant!), une Fantasy à fort relents historique. Une Fantasy cependant où il n'est pas impossible de croisé des elfes, nains et autres barbares. Où la magie est tout aussi rare qu'elle est puissante. Où la politique joue un grand rôle. Où les hommes de pouvoir ne sont pas toujours ceux que l'on s'imagine l'être. Enfin une Fantasy très cape & épées qui n'a rien à envier à Dumas. C'est d'aileurs encore plus flagrant dans son roman Gagner la Guerre. Bref, si ce genre de Fantasy vous parle, Foncez!
Merci Jean-Philippe Jaworsky. J'en redemande, encore et encore. A défaut de pouvoir un jour jouer l'une de tes parties, continue de m'emporter comme tu le fais à travers tes aventures (oui car je me dis que Jaworsky doit être un MJ hors pair).