Jacen - Read in Asia

Après plusieurs années passées sur mon étagère, j’ai enfin pris le temps de lire en entier le livre « Japonaises, la révolution douce » de Anne Garrigue, journaliste et écrivain française spécialisée sur l’Asie. Publié en Octobre 2000, le livre est la somme d’un travail de titan, fruit des témoignages recueillis par l’auteur auprès d’environ 130 japonaises et japonais et d’un recueil énorme de données et de statistiques sur la situation des femmes japonaises à la fin des années 90 sur plus de 340 pages.

Le livre s’articule par thèmes (l’égo, la recherche d’hédonisme, le travail, le mariage…) pour lesquels Anne Garrigue convoque les paroles de japonaises qui servent d’exemples à un propos plus général sur la situation des femmes au Japon basé sur les résultats de nombreuses études statistiques ou sociologiques. Anne Garrigue a interviewé de nombreux « types » de femmes, de la jeunesse un peu perdue de Tokyo, à la business woman, tout en passant par les politiques.

Si les témoignages sont intéressants, ils sont relativement courts et j’ai finalement retenu assez peu de destinées particulières pour me concentrer surtout sur le propos général, celui d'un monde qui change où les japonaises se libèrent peu à peu du patriarcat, mais au prix de nombreux sacrifices. Si le thème général est fort enrichissant, ma lecture a été un peu rendu difficile par les légions de résultats statistiques qui illustrent et valident le propos, mais qui perdent grandement de leur intérêt 18 ans après l'écriture tant on aimerait pouvoir connaitre la situation actuelle de ces chiffres (ce qui peut se faire en lisant le très bon "être femme en Asie" du même auteur sorti en 2017).

Le lecteur occasionnel passera donc vite sur les chiffres et se concentrera certainement plus sur les témoignages qui permettent de « sentir » le Japon, un peu à la manière des travaux de Muriel Jolivet à propos des hommes japonais (Homo Japonicus). Si les entretiens rentrent peu dans l'intimité des interviewées et semblent rester à la surface du discours, ils sont très nombreux et permettent de brosser les portraits des japonaises de l’époque et cassent quelques clichés mais aussi en confirment peut-être quelques uns.

L’auteur est en dédicace la semaine prochaine, j’ai hâte de pouvoir la rencontrer et recueillir son avis sur l’évolution de la société japonaise depuis les années 2000, d’autant plus que je trouve que par certains aspect le Japon d’alors ressemble parfois à la Corée d’aujourd’hui.