Je suis le tigre sur tes épaules par Pouyou

Quand j'ai lu son surnom sur la quatrième de couverture, j'ai eu peur. "Salinger allemand"! Encore un Salinger. Diantre!
Ce livre au titre évocateur (et à la couverture sublime chez actes sud) est le journal intime du jeune Vincent, qui du haut de ses 17 ans, porte sur le monde qui l'entoure un regard plein d'acuité. Il nous parle sans détour de ses parents, son frère qui se meurt silencieusement du SIDA, son amoureuse avec qui il adore manger des glaces, ses projets. A vrai dire peu importe le propos, on file sans cesse d'un sujet à un autre, sous couvert de digressions qui n'en sont pas. Et on se laisse bercer par ce bonhomme pétillant d'intelligence, qui décèle la personnalité des adultes en un quart de tour et l'exprime avec une poésie sans nulle autre pareille. C'est beau, plein de grâce et exprimé avec une véritable économie de mots qui fait son effet. Voilà les points communs avec Salinger, mais cela s'arrête là. Ce Vincent n'est pas en pleine rebellion (et bon sang ça fait du bien un ado correctement ancré dans ses baskets) et ne sera donc pas le leader d'une génération no futur.

Petits passages choisis :
"A mon avis, parfois, les choses que je dis et écris sont justes, dans le fond, mais je ne les dis peut être pas toujours au bon moment. Ou au bon endroit. C'est possible"

Quand son père a voulu lui jeter un rond de serviette sur la tête après une dispute :
"J'étais assis à sa gauche et la cloison vitrée se trouve à droite de sa place. Il ne pouvait donc pas m'atteindre, mais j'ai bien vu que c'était moi qu'il voulait atteindre. Il voulait m'atteindre sans me viser. Il voulait m'atteindre sans m'atteindre, et il m'a touché en plein dans le mille."