Quand un scénariste plutôt doué (Mad Max 2 ou Payback sont signés de sa main) fait le grand saut dans le monde du roman, ça donne Je suis Pilgrim.
Mi-polar mi-thriller d'espionnage, baigné dans une ambiance aussi poisseuse que politique,
le premier essai de Terry Hayes n'est pas loin du coup de maître.
800 pages qui se tournent presque toute seules, quelques twists bien sentis, une écriture cinématographique, des personnages bien caractérisés, et une montée opératique sur les 200 dernières pages qui agrippent.
Là où je suis plus mitigé, c'est concernant le propos. Rien à dire sur la structure divisant rapidement l'intrigue entre les deux personnages - et antagonistes - principaux ; une autre manière de les mettre sur un même pied d'égalité. Cela dit, il manque peut-être un certain recul, d'où la présences de certaines remarques "limites" sur l'Islam. Le livre ne manque pas de nuancer le tableau avec des personnages positifs mais les jugements portés par Scott (le héros) ne semblent jamais remis en cause par le narrateur omniscient. Ce qui est un peu embêtant vu que l'on sait la réalité plus complexe.
En dépit de cette réserve, force est de constater qu' en soi, Je suis Pilgrim c'est déjà une belle entrée en la matière.