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Jenny Trapdoor
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Jenny Trapdoor

livre de Neal Asher (2023)

Jenny Trapdoor est une novella indépendante dans l’univers de Polity de Neal Asher. À ce jour, il me semble qu’elle est uniquement disponible en anglais. Contrairement à ses romans majeurs, elle n’est pas publiée par Pan Macmillan. Elle souffre d’un manque d’édition flagrant, avec de nombreuses erreurs dans le texte (oubli de connecteurs et fautes), ce que je n’ai jamais noté auparavant dans ses textes. Fatalement, cela a impacté ma note, ce qui est plutôt dommage.

Au sein de la chronologie, elle est située entre Weaponized et Shadow of the Scorpion. N’ayant eu vent de celle-ci que tardivement, j’ai déjà lu ces derniers, ainsi que War Bodies et Gridlinked, qui se passent après, mais pas tout à fait. Je dis « mais », car il y a un bond dans le temps dans l’histoire, qui fait qu’elle se place également après la trilogie Transformation (qui comprend Dark Intelligence, War Factory et Infinity Engine). À en croire les dates de la « Polity Timeline », cela pourrait même être après Rise of the Jain. Cependant, comme je ne les ai pas lus, il m'est impossible de le confirmer. Libre à vous de faire comme moi ou d’attendre d’avoir lu les autres séries (après tout elle date de 2023, donc plus récente). J’ai pendant un moment regretté de m’y être engagé lorsque je m’en suis rendu compte, mais maintenant que je l’ai finie, je suis plutôt satisfait.

Cette confusion autour de l’ordre de lecture passée, venons en au vif du sujet. L’histoire alterne au départ entre une araignée à terrier à opercule (trapdoor spider) et une humaine du nom de Jennifer A. Kelland (ou simplement Jenny). Elle est obsédée par les araignées et plus particulièrement celle qui rôde dans son vaisseau, le Shinkansen. Alors qu’elle est pleine de projets avec son partenaire golem Gogh, ceux-ci se retrouvent saisis par la flotte de la Polity afin d’évacuer la population du système où ils se trouvent au plus vite. En effet, les Pradors arrivent en force et oblitèrent toute résistance. Leur vaisseau se fait détruire avant qu’ils n’aient eu le temps de s’échapper. C’est alors que les horreurs commencent. Le corps de Jenny est récupéré par la Dark Intelligence Penny Royal, une IA fracturée célèbre dans le cycle de Polity, qui va la fusionner avec son obsession en la transformant en monstre biologique et mécanique de plusieurs tonnes, avide de vengeance envers les Pradors.

Penny Royal est un élément central de l’histoire, c’est d’ailleurs ce qui m’a fait craindre d’être divulgâché pour la trilogie Transformation. On est spectateur de certaines horreurs qu’il produit au sein du destroyer qu’il contrôle, mélange entre biologie et machine. Il émerveille tout autant qu’il est craint par les deux camps qui s’affrontent. Comme l’IA rebelle le dit : « Je suis Penny Royal, je suis tout. » Cela va être aussi l’occasion de voir sa relation avec l’usine de production mythique Room 101, que je connaissais déjà grâce à War Bodies. Neal Asher fait preuve d’une grande inventivité vis-à-vis de ce que la Dark Intelligence est capable.

Vous l’aurez compris, il s’agit d’une certaine façon d’un remaniement du Monstre de Frankenstein. Un peu comme pour Ian Cormac dans Gridlinked (sur lequel vous pouvez me lire également ici), il est question pour Jenny de retrouver sa part d’humanité. Toutefois, ici le conflit majeur est sa lutte contre sa part bestiale et les malveillances ancrées en elle par le côté obscur de Penny Royal.

Jenny Trapdoor est efficace, même trop. Avec un palmarès tel que celui qu’elle parvient à obtenir au fil des ans, il va aussi être question de qui est vraiment le mal dans cette histoire. Elle ou les Pradors qu’elle chasse avec plaisir ? Les deux ? Aucun ? On va suivre ses questionnements, essayer de comprendre ce qui se passe, aussi confus qu’elle dans ses nombreux terriers couverts de nano-soie et remplis de cadavres. En fin de compte, la vengeance ne peut être éternelle.

Finalement, c’est l’histoire d’une transformation, tout comme pour le Royaume des Pradors. Jenny le pense elle-même : « Elle était, elle le comprit, le produit d’un art terrible. » Mais cette compréhension de ce qu’elle est prend beaucoup de temps, qui finit par enterrer son passé. La vie, c’est d’abord des rencontres. Même si pour l’araignée qu’elle représente, la méfiance est de mise, son salut pourrait bien venir d’ailleurs, pour elle qui s’est perdue. Il lui est dit à un moment : « J’espère qu’un jour tu t’échapperas de cet Enfer. »

Comme avec toutes mes autres lectures de cet auteur, j’ai grandement apprécié cette science-fiction militaire, à grand renfort de détails techniques et d’horreur biologique. Le scénario est du niveau des textes que j’ai lus précédemment et introduit beaucoup d’éléments clés de l’univers Polity. Mes précédentes lectures ont également contribué à mon appréciation générale. Je recommande donc de vous référer à la chronologie mentionnée en début de critique.

Kriemfield
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Créée

le 12 juil. 2025

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