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Journal
8.3
Journal

livre de Valery Larbaud (1954)

Le Journal de Valery Larbaud est difficile à lire, il tient péniblement en main : ses mille six cents pages, ses deux kilogrammes, son format géant et inusité. Pour le lire on recherche désespérément une position idéale : assis il est propice à la crampe lectorale. Couché il vous pèse sur le thorax, debout c’est hors de question sans une prise préalable de substances illicites. Ajoutons qu’outre ces diverses questions de positions on ne peut pas le lire non plus en extérieur puisqu’il est de fait intransportable, rapport à son volume. Néanmoins une solution médiane et pour ne pas dire centriste peut être trouvée, on peut le lire alternativement, assis, debout, couché, puis couché, debout, assis ; c’est une bonne gymnastique, mais toujours en intérieur.
Ces problèmes pratiques et logistiques passés il faut savoir que notre ami Valery commence ses phrases en anglais, continue en italien pour mieux finir en français. C’est très bien : les trilingues sont ravis. Il faut également savoir que sa « montagne diariste » est aussi un scrupuleux exutoire où il note tout de façon quasi obsessionnelle : lectures, voyages, heure du lever, du coucher ; itinéraire de ses promenades dans Paris avec son chien ; visites chez le médecin, pulsations cardiaques. Larbaud de santé fragile est toujours à l’écoute de son corps, observant minutieusement le moindre trouble, la moindre anicroche. Cette habitude lui vient de l’enfance où héritier surprotégé des sources Saint-Yorre il avait quand même été victime d’un paludisme inopportun ; on l’avait tenu à l'écart des autres enfants, dispensé d’exercice physique, il était resté dans la solitude avec ses livres : voilà comment naissent les écrivains !
Le Larbaud adulte souffre de rhumatisme articulaire, il est victime de crises d’humeur qui le paralysent et le poussent hors de tout lien social. Il peut rester enfermé des journées entières. C’est un problème sans en être un puisque enfermé il lit, il écrit, il traduit… De toutes les façons Larbaud ne vit que pour et de littérature. Il y a bien les voyages : le charme de cette France début de siècle, l’Espagne, Londres, l’Italie, la Suisse, Vaduz et le Liechtenstein. Il y a bien les amis : Charles-Louis Philippe, Gide, Léon-Paul Fargue, mais l’essentiel est la littérature, la littérature, et cet amour pour les adolescentes opalines qui ne laissera pas Nabokov de marbre.

raoulle
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le 29 mars 2021

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raoulle

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