Disparu en 1995, Jean-Patrick Manchette reste l'auteur de polars le plus admiré de la francophonie, un styliste exigeant, auteur d'une dizaine de romans à l'efficacité inégalée. Romancier, mais aussi traducteur, scénariste, critique et auteur d'un journal tenu jusqu'à sa mort, à l'âge de 53 ans. Soit près de 5000 pages manuscrites consignant, au fil des jours, considérations politiques, esquisses de théories esthétiques, soucis domestiques ou de santé et d'innombrables recensions de films ou de livres, entre deux férocités sur des personnalités de l'époque. Autant de fragments éclatés d'une vie d'écrivain professionnel, relatés d'une plume distanciée, dans le même style "comportementaliste" que ses fictions. «Ce journal, hélas, n'est pas un journal intime», écrit-il. «J'y note les faits quotidiens et les réflexions intellectuelles. Je n'y note pas les sentiments.» Ce premier volume regroupe les années 1966 à 1974, et il vaut son pesant de phrases assassines ou d'observations pertinentes, tracées en toute liberté sur des cahiers d'écolier. Une liberté qui lui permet de qualifier Steve McQueen de «bifteck inerte» , 2001 , l'Odyssée de l'Espace de «série B roublarde» , ou un film de Dreyer d'horrible merde répressive». Passionnant et stimulant!
Écrit à la parution du livre.