Étant gamine, comme beaucoup d'enfants de mon âge, j'aimais beaucoup les dinosaures. Ces créatures mystérieuses sorties d'un autre monde, qui me paraissaient si énormes, si brutales et si paisibles à la fois. Je crois même avoir encore une ou deux figurines qui trainent dans le grenier.
Naturellement et toujours comme beaucoup d'enfants de mon âge, j'ai regardé et adoré la trilogie cinématographique, qui rendait si merveilleusement hommage à ces créatures et à dame nature. Combien de fois ai je vu les films ? Aucune idée, mais le compte se fait en dizaines.
L'idée de lire l'oeuvre de Crichton m'avait déjà traversé l'esprit alors que je lisais a Brief History of the Futur. Et puis par un heureux hasard, je suis tombé sur ce livre, à trois francs six sous et j'ai sauté sur l'occasion.
Lorsqu'un film adapte correctement une oeuvre, découvrir l'original en second peut avoir un intérêt. Il s'agit un peu de découvrir les bonus du film, les scènes coupées au montage, des explications supplémentaires.
Mais ici, le film de Spielberg s'éloigne suffisamment de l'oeuvre de Crichton pour que la lecture soit un réel plaisir de découverte.
Et la fan des films que je suis est tombée de haut assez rapidement. Non pas que le livre ne soit pas bon, bien au contraire, mais tous les personnages, tout l'environnement et l'ambiance sont à revoir.
Exit le couple Grant/Ellie. Les histoires de couple, c'est bon pour le cinéma et ici, nous avons une histoire sérieuse à écrire. D'ailleurs soit dit en passant, Grant aime bien les enfants, qu'on se le tienne pour dit.
Exit le gentil Hammond trop rêveur mais pas bien méchant. Il est en réalité aussi manipulateur que lâche et aussi têtu que cupide. L'humanité et la jovialité ne sont que façade et même ses petits enfants n'ont pas vraiment d'importance à ses yeux.
Gennaro, quoi que très humain, n'en est pas moins capable de se défendre et ne succombe pas aux douces sirènes des billets verts. Son personnage prend d'ailleurs ici une bien plus grande importance et on apprécie cela.
Mais je m'arrêterai là pour ce qui est des personnages. Ils ont peut être moins d'humour et sont très différent de ce que l'on connaissait, mais le Jurassic Park de papier leur donne bien plus de place pour s'exprimer et se développer. Ils sont crédibles et s'implantent bien dans le récit.
Le récit d'ailleurs, parlons en. J'avoue avoir adoré le rythme imposé par Crichton dans sa narration.
Non seulement les scènes de suspens vous scotchent le nez à votre livre, mais l'alternance des scènes entre les paragraphes (plutôt qu'entre les chapitres) augmente l'intensité des sensations ressenties. Angoisse, stress, empressement, on veut savoir ce qu'il se passe, à plus forte raison lorsque plusieurs choses se passent au même moment et que l'on ne peut tout suivre en même temps.
Pour ce qui est de l'histoire, elle n'est pas foncièrement différente. Cependant, le livre peut se permette le luxe de développer ses théories et ses réflexions. Celles sur l'étude de la paléo-ADN, mais aussi sur l'humain, la nature, les spéculations financières et l'ordre des choses, qu'il s'agisse de celui que nous établissons comme de celui qui existe réellement.
Le Jurassic Park écrit est en effet bien plus dur vis à vis de notre égocentrisme et de notre mégalomanie, toutes deux acquises au fil des siècles et qui pourraient contribuer à notre perte.
Je conclurai donc en disant que j'ai adoré ce Jurassic Park, que j'ai lu avec autant de plaisir que j'ai pu voir les films. Si Crichton n'implante pas la dose d'humour que Spielberg donnera au film (avec des répliques cultes du style "when you' got to go, you' got to go !"), il donne plus de profondeur et rend son histoire crédibles en l'entourant d'explications et de théories scientifiques. Le côté réflexion est aussi présent que le côté fantastique et frisson et les personnages prennent chacun une dimension personnelle et intéressante.