Cinquième recueil de nouvelles du King (après Danse Macabre, Brume, Tout est Fatal et Rêves et Cauchemars - Différentes Saisons regroupant des novellas plus longues), ce pavé de 367 pages sorti le 11 novembre 2008 est certainement le plus abouti de tous, bien qu'il ne compte pas parmi les plus flippants (si vous cherchez le "maître de l'horreur" - étiquette qu'on lui colle parfois à tort - ouvrez donc Simetierre pour voir...). Ce que j'aime dans les nouvelles du King, c'est qu'elles lui permettent de créer sans limites, d'aller jusqu'au bout de ses intentions tout en évitant les quelques tics qu'on retrouve presque invariablement dans ses romans.

Just After Sunset est aussi le second recueil depuis l'accident du King en 1999, accident qui a laissé une empreinte indélébile dans sa façon d'appréhender son travail. Force est de constater que Just After Sunset sort quelque peu des sentiers battus. On y trouve peu de monstres (bien que "N", l'un des plus longues nouvelles, en renferme déjà bien assez...), et le surnaturel prend souvent plus la forme du mystère, voire du réalisme magique. On sent aussi passer le fantôme du 11 septembre 2001 : "The Things They Left Behind" y fait directement référence et traite du syndrome du survivant, tandis que "Graduation Afternoon" évoque un attentat à l'arme atomique sur New-York, en se concentrant uniquement sur le fait que, au-delà des morts, ce sont des vies entières, avec leurs espérances et leurs attentes, qui sont fauchées arbitrairement. Beaucoup de ces nouvelles n'évoquent rien de surnaturel, mais prouvent la capacité du King à aller chercher l'horreur dans le rationnel : "The Gingerbread Girl" et son serial-killer, "A Very Tight Place" et son vieillard enfermé dans le pire endroit qui soit, ou encore "Rest Stop" et sa femme battue. Horreur de tous les jours...

Just After Sunset est pour moi le meilleur des recueils du King (quoique... je vais me lancer dans Tout est Fatal après Lisey's Story) : on y trouve de tout, et surtout on sent un auteur arrivé à une maîtrise parfaite de son art, et n'ayant rien perdu de son inspiration. Du maître de l'horreur des premiers temps, King évolue vers ce qu'il était destiné à devenir : le maître de nos peurs les plus indicibles.
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le 13 juin 2010

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