Inspiré par une actualité qui reste malheureusement bien présente dans le monde et en particulier par les attentats qui ont frappé Paris et Bruxelles, Yasmina Khadra dresse le portrait d’un jeune terroriste. Khalil, 23 ans, d’origine marocaine, habitant Molenbeek, part rejoindre le stade de France avec trois autres kamikazes. Il a pour mission de se faire sauter dans le RER après le match.
La noirceur des Hommes est un thème intéressant dans la littérature. L’auteur a déjà abordé un thème semblable avec L’attentat paru en 2005 ayant pour cadre le conflit israélo-palestinien. Tout comme il l’avait fait en 2015 en s’immisçant dans la tête de Khadafi – La dernière nuit du Raïs – il aime analyser la psychologie des personnages qui vivent des situations complexes. Yasmina tente cette fois d’expliquer la radicalisation, sans pour autant l’excuser, ni la justifier. L’auteur laisse le soin à ses personnages (le copain Rayan, La sœur jumelle Zahra, ...) de remettre en cause les motivations de Khalil. Il ne fait pas non plus d’amalgame entre croyants et islamistes et ne jette pas l’opprobre sur toute une communauté. En fait, il décrit le processus de cette radicalisation et nous montre l’évolution de l’état d’esprit de Khalil que ce soit dans sa détermination mais aussi dans ses périodes de doute. Au départ, Khalil est un jeune paumé récupéré et embrigadé par les cheikhs et émirs de Belgique. On comprend à quel point l’endoctrinement peut faire des ravages chez quelqu’un qui a perdu ses repères. Par moment, Khalil éprouve des sentiments qui le font douter et lui rendent une certaine humanité, une compassion envers ses proches qui arrive à susciter chez le lecteur un peu d’empathie.
Poignant du début à la fin.