Pour attribuer ma note, le match était entre l'intention de l'auteur, que l'on sent très ambitieuse dans ce roman, et le plaisir de la lecture, ou plutôt le sentiment d'accomplissement que nous pouvons ressentir en refermant un livre.
Sur l'intention de l'auteur tout d'abord : je connais peu les autres ouvrages de C. Priest, ayant lu principalement Le Monde Inverti, que j'ai beaucoup apprécié, cependant d'après ce que je connais de l'oeuvre, tous les thèmes chers à l'auteur semblent abordés dans l'Adjacent. La prestidigitation, les avions de la seconde guerre mondiale, des mondes fondés sur des illusions,...
l'Adjacent se présente comme une somme de toutes ces obsessions. Avec cette approche, il est possible de comprendre finalement le principe de l'adjacent (moyen avec lequel un prestidigitateur détourne l'attention du public pour faire disparaître un autre objet) comme une métaphore de l'écriture elle-même. L'écrivain-illusionniste.
En ce sens, ce livre est un véritable succès : Priest jongle avec les mondes, traçant des liens ténus entre eux. il s'agit du même univers, mais truffé de mondes différents, comme autant de livres écrits par le même écrivain. J'aime particulièrement ce rapport entre Science, Illusionisme et littérature qui est particulièrement intelligent. L'illusionisme constitue la passerelle entre deux disciplines que nous avons aujourd'hui tendance à opposer d'une manière trop artificielle, en associant le merveilleux du résultat à la technique nécessaire à la réalisation du tour. La science et la technique peuvent également être source de merveilleux.


Ensuite, sur le plaisir de la lecture. Certaines pages sont grandioses (grosso modo toutes celles sur la magie et les avions), il est également possible de trouver des pépites d'émotions, à peine polies.
Mon reproche à l'écriture de Priest est principalement son côté trop séquentiel et factuel : nous passons des pages à suivre les protagonistes effectuer des tâches du quotidien. C'est long parfois... surtout que cela n'a pas d'impact direct sur le récit (mis à part de rendre le monde plus crédible peut être). Par ailleurs, sans dévoiler quoique ce soit de l'intrigue, le tout reste particulièrement abscons et le lecteur pourra tirer beaucoup de conclusions sans pour autant que l'une soit plus valable qu'une autre. Difficile de débattre de ce sujet sans gâcher le plaisir de lecture des futurs lecteurs. Aussi je ne m'étendrai pas. Mais c'est principalement cet aspect qui m'a retenu d'attribuer à ce livre une note plus élevée. Un sentiment d'inaccompli, une tâche que l'auteur n'aurait pu mener à son terme.

Mentarque
7
Écrit par

Créée

le 25 août 2015

Critique lue 262 fois

1 j'aime

Mentarque

Écrit par

Critique lue 262 fois

1

D'autres avis sur L'Adjacent

L'Adjacent
Marcus31
7

Le principe d'incertitude du lecteur

Je crois que je suis toujours un peu dérouté par la SF qui s'appuie sur la mécanique quantique. Ce fut le cas pour Métaquine - contre indications, de Rouiller. C'est encore le cas ici : cette...

le 20 nov. 2017

3 j'aime

5

L'Adjacent
Linu
6

L'Adjacent, ou l'amour façon expérience de Shrödinger

Tout est dans le titre. Priest s'est prêté à un jeu littéraire à la sauce quantique. Le roman est de bout en bout intrigant, parfois déroutant, j'ai beaucoup aimé le style, les thèmes secondaires qui...

Par

le 16 sept. 2015

2 j'aime

L'Adjacent
Mentarque
7

Critique de L'Adjacent par Mentarque

Pour attribuer ma note, le match était entre l'intention de l'auteur, que l'on sent très ambitieuse dans ce roman, et le plaisir de la lecture, ou plutôt le sentiment d'accomplissement que nous...

le 25 août 2015

1 j'aime

Du même critique

L'Adjacent
Mentarque
7

Critique de L'Adjacent par Mentarque

Pour attribuer ma note, le match était entre l'intention de l'auteur, que l'on sent très ambitieuse dans ce roman, et le plaisir de la lecture, ou plutôt le sentiment d'accomplissement que nous...

le 25 août 2015

1 j'aime

Over Bleed
Mentarque
5

Critique de Over Bleed par Mentarque

Un manga sombre et étrangement prenant. Pourtant l'intrigue me semblait un peu tirée par les cheveux au début. Le personnage devient peu à peu attachant. Le mélange entre un sujet grave, inspiré dans...

le 1 déc. 2010

1 j'aime

La Moustache
Mentarque
7

Critique de La Moustache par Mentarque

Tout débute par une plaisanterie, une gaminerie : pour surprendre sa femme, un homme décide de se raser la moustache qu'il porte depuis plusieurs années. Le résultat n'est pas celui escompté. Non...

le 21 juil. 2015