Si j’étais une couleur, je serais… le Jaune. Si j’étais un astre, je serais… le Soleil. Si j’étais un animal, je serais… l’Abeille. Si j’étais un aliment, je serais… le Miel. Et, si j’étais tout cela à la fois alors je serais un roman : L’Apiculteur de Maxence Fermine.
Un an après avoir publié son roman Neige (1999), hymne candide à la pureté, Maxence Fermine, auteur savoyard quinquagénaire, poursuit sur sa lancée colorée en optant plutôt pour des nuances plus chaudes, plus ensoleillées, plus sucrées. Il écrit L’Apiculteur.
Aurélien, jeune apiculteur provençal vit de sa passion : la fabrication du miel le plus suave de la région. Cependant, la destinée d’Aurélien prend un autre tournant le jour où ses ruches sont anéanties par une violente bourrasque. Il se lance alors dans un long voyage à la recherche de l’or, ce métal précieux apparaissant comme la personnification d’une femme : cette jeune fille à la peau dorée qu’il a vue en songe. Lors de son périple, il croisera la route de grandes figures telles que Van Gogh et Rimbaud qui lui en diront davantage sur le sens réel de la vie.
Tout d’abord, L’Apiculteur est un ouvrage comportant des chapitres très courts, ne comptant parfois que quelques phrases. Les métaphores et les personnifications sont abondantes, voire surabondantes en raison de la longueur du roman. Les va-et-vient incessants, les descriptions et l’indécision de la part du personnage principal sont excessifs par rapport au nombre de pages. Il n’aurait en rien été désagréable que le roman comporte soit moins de descriptions et de métaphores soit une centaine de pages en plus.

Ensuite, l’auteur place à la manière d’un petit puzzle les pièces une à une au gré des humeurs d’Aurélien. Les personnages peu nombreux restent lointains et effacés afin de donner une place dominante aux couleurs, aux destins, aux aventures. Grâce à son champ lexical parfumé, Fermine arrive à éveiller nos cinq sens et à nous faire entrer dans une atmosphère atypique. Neige c’est le blanc, L’Apiculteur c’est le jaune. " Aurélien partit à la chasse aux papillons. De tous les spécimens qu'il rapporta, son préféré fut un citron de Provence, un papillon si jaune qu'il se confondait avec les boutons-d'or des champs et qui, dans la main, ressemblait à une éclaboussure de soleil". De par sa créativité et son originalité, l’auteur aborde la thématique du contentement sans détour et avec beaucoup de simplicité. Il réveille son âme de poète afin de nous transporter dans un conte initiatique, une fable sucrée au goût de miel, à la manière des œuvres des peintres hollandais. Point d’orgue pour la fin : une belle morale sous-jacente «ce que nous cherchons est en réalité tout près de nous». Cette conclusion amène à un examen personnel, une analyse des priorités, du sens de la vie et des rêves.


 Enfin, L’Apiculteur ne peut toutefois pas égaler le chef-d’œuvre de Neige qui frôlait la perfection tant sur le plan littéraire qu’artistique.  En dépit de son soleil éblouissant, il reste donc dans l’ombre de son aîné. Ce petit roman est toutefois une fine poussière de pollen doré, à savourer pour faire durer le plaisir.

FERMINE, Maxence. L'Apiculteur. Paris: Librairie Générale Française, 2000. 221 p. (Le livre de Poche). ISBN 2-253-15256-0

JohanneR
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le 17 févr. 2017

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