Des Masqués.

C'est tout de même bon de retrouver Somoza comme je l'aime. Oubliées les déceptions avec La clé de l'abîme et La caverne des idées.

Univers de gens qui se déforment le corps, prennent des postures étranges, et ainsi, peuvent appâter n'importe qui. Si l'appât fait des Masques et lorsque notre regard tombe sur eux, si le Masque correspond à notre Philia, on est happés. Obnubilés. Fascinés. Et si le Masque est poussé à son paroxysme on finit grillés, le cerveau en miettes.

Enquête policière donc. Un thriller classique, et bien tenu. Un suspens, de la tension, du glauque, du sang, de la violence et de la perversité.
Tout ça avec toujours cette patte Somoza, cette approche psychologique sombre qui va gratter là où la plaie saigne.

Bon, faut accepter les règles posées par l'auteur pour adhérer au livre, pour moi ça fonctionne. Même si quelques chouineries des sœurs m'ont un peu saoulée, et l'historiette amoureuse m'a semblé inutile.
Mais j'ai aimé la fin, que je ne trouve pas rocambolesque, mais complètement dans une tradition thriller tenue jusqu'au bout.

Un vrai univers étrange, qui pourrait être le nôtre, dont on ne se sent pas loin.
Et j'aime ce mélange avec des tas de références (ici, Shakespeare est partout), un petit grain de folie dans l'engrenage de ce que l'on croit connaître parcœur, et une propension à aller vraiment dans le cru et la tension.
C'est tellement imagé que parfois on peut avoir du mal à fermer les yeux sans en faire quelques cauchemars.