Le hasard a fait que j'ai lu L'Attrape-cœurs après Voyage au bout de la nuit, deux romans qui présentent un personnage en quête de sens dans sa vie et écrits dans une langue argotique, oralisée. Mais la comparaison va s'arrêter là.
Ce fut une rude épreuve d'arriver au bout de ce livre (j'ai même abandonné 5 pages avant la fin tant la lecture ne me procurait aucun plaisir).
Tout d'abord parlons du style d'écriture. L'auteur a choisi de rédiger l'œuvre à la première personne, du point de vue de son narrateur, Holden Caulfield, adolescent dans les années 40 à New York. Seulement voilà, les tics de langage à répétition deviennent très vite insupportables: on retrouve chaque occurrence de "...and all", "...or something", "...or anything" et autre "goddam...." environ 5 fois par page. De plus, le lexique est globalement pauvre. Alors oui, on ne demande pas à un adolescent blasé et dépressif de s'exprimer dans la langue de Shakespeare avec un langage très soutenu, mais j'avais parfois l'impression de lire une autobiographie de Trump adolescent ("this guy, he's a really nice guy, you know").
Ensuite, je n'ai ressenti aucune empathie pour le personnage d'Holden qui m'est même apparu comme assez détestable: il n'apprécie rien, critique tout, voit tout de façon très péjorative. Certaines réflexions sont intéressantes, mais elles restent minoritaires en fin de compte.
Enfin, j'ai eu le sentiment que le récit ne progressait pas et le personnage non plus (ce qui est aussi le propos de l'œuvre). Certes, tout cela se déroule sur une période de quelques jours, mais la répétition de la boucle "ah il faut que j'appelle cette fille. Oh non en fait j'ai pas envie de lui parler. Je vais appeler cette fille. Hmmm elle doit dormir. Bon je vais aller boire un whisky au bar. Ah ils ne veulent pas me servir car je suis mineur", devient très vite ennuyante. Je m'attendais à ce que les différentes expériences vécues par le narrateur provoquent un peu plus de réflexion et d'introspection chez lui, mais ça n'a pas été le cas.
Je crois que j'en attendais peut-être un peu trop de cette œuvre, souvent érigée parmi les meilleurs parcours initiatiques et meilleurs romans américains (d'après le top SensCritique), mais pour ma part ça a été la douche froide...and all.