The catcher in the Rye, J.D. Salinger, 1951.

Avides d’action et de rebondissements s’abstenir, ce classique de la littérature offre un voyage poétique dans un New York enneigé et jazzy.


« Que deviennent les canards de Central Park en hiver, quand l’eau se transforme en glace » C’est la question sans réponse, qui taraude Holden Caulfield, Peter Pan des 50’s, deuxième fils d’une famille aisée qui vient de se faire virer de son collège.
Adolescent anticonformiste d’une profonde solitude, il vit en l’espace de trois jours le moment charnière de toute une vie. Ce n’est pas sur les rives du fleuve Mississipi ou à bord de sa voiture, la clope au bec, que la vie de Holden Caulfield se déroule. Dans son rêve, elle se déroule dans un champ de seigle à essayer de sauver des enfants qui tombent du bord de la falaise dans le précipice de l’âge adulte.


Chahuté par une crise existentielle après la mort de son frère, Holden fugue à New York à la recherche d’une vie révolue. Haïssant tout mis à part les plus jeunes, encore épargnés par la perversion des vieux, il erre le long des avenues, dans des hôtels et dans des bars. Il s’assoit parfois pour voir les filles danser, et méprise les mauvais musiciens de Jazz. Il méprise d’ailleurs aussi les piètres danseuses. Holden Caulfield est le rebelle le plus réac de l’Histoire.


C’est en cela que le récit est intéressant, puisqu’il décrit le stade de l’indécision permanente et la place de la folie dans une société qui en toute déviation reconnaît une déviance. Entre fatalisme, insulte et un humour particulièrement cynique, Holden évolue et contemple, ne vivant que l’extrême moment présent qui l’arrache par à-coup à son enfance. A travers son œil acerbe qui dénonce l’hypocrisie et exècre le matérialisme qui corrompt tous les adultes, on se voit confronter à un mur de déceptions, donnant le sentiment de vivre inadapté dans un monde infernalement bien réglé.
On assiste en fait, tout au long du livre, à la chute d’un des premiers anti-héros de l’histoire littéraire anglo-saxonne qui ne parvient pas à retrouver les rails que son statut social lui promet pourtant.


Censuré de 1961 à 1982 pour propos indécents et références sexuelles explicites, ce livre -pourtant assez soft- est le reflet d’une jeunesse à la dérive, insultante et désinvolte qui hésite entre un monde adulte pervers et le souvenir d’une enfance révolue.
Ecrit au début des années 50, ce roman culte de la littérature américaine a choqué dès sa parution la société d’après-guerre. Société tiraillée entre modernité galopante et conservatisme tenace qui ne laissent aucun espace pour un langage nouveau et subversif.


Retrouvé sur Chapman, l’assassin de J. Lennon, l’Attrape-cœurs fascine aussi car il inspira de nombreux tueurs en série. Des dizaines d’exemplaires auraient notamment été découverts chez le tueur de JFK. Ce roman dérange. Et c’est aussi peut-être cela qui fait de lui une des œuvres littéraires les plus vendues de tous les temps puisque déjà 60 Millions d’exemplaires se sont écoulés à travers le monde.

Eude
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le 17 oct. 2015

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Eu Dé

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