« Voici un poème d’un mort,
écrit de la main d’un vivant,
qui, entre la vie et la mort,
a tant souffert des coups du sort
qu’il ne lui reste plus qu’un corps
presque invisible, mais présent. » Entre la vie et la mort. (extrait)


Né en 757 et mort à Bagdad en 815, Abû Nuwâs « l’homme aux cheveux bouclés » est aujourd’hui encore un des poètes les plus célèbres du panthéon de la littérature arabe.
Tandis que l’empire abbasside est à son apogée, Abû Nuwâs s’attire les faveurs des puissants et vit sous leur protection tout en inscrivant de sa plume acerbe des vers et strophes provocantes. Allant à l’encontre des enseignements de l’Islam, il passera quelques temps en prison pour atteinte à la morale musulmane et ivrognerie.


Bagdad, « la ville de la paix » est alors le centre culturel, politique et économique qui s’épanouit dans une tolérance exceptionnelle pour l’époque. Cela permettra au poète de vivre auprès de seigneurs malgré son insolence et ses mœurs peu convenables.
Courtisan à la cour du calife Harun Al-Rachid et de son fils dont il sera l’amant, il ira jusqu’à déclarer: “L’homme est un continent, la femme est la mer. Moi j’aime mieux la terre ferme”. Principalement connu donc pour son goût de la terre ferme, il n’en demeure pas moins un penseur de la condition humaine et un témoin de son temps. Outre ses tergiversations érotiques, on compte parmi ses poèmes des éloges de la chasse, des portraits tantôt élogieux et tantôt comiques des puissants qui l’entourent ainsi que des vers sur le temps qui passe et la mort.


Alors que le monde arabo-musulman souffre aujourd’hui d’un mal insidieux, il est agréable de se laisser surprendre au détour de ce recueil, confrontant nos idées reçues à un esprit libertin, hédoniste et satirique à mille lieues de ce que prônent les intégristes les plus aveugles.


« Fi des des banalités en bloc !
Vive l’amour ! Il te faut boire.
Bois le vin clair comme œil de coq,
d’une gazelle blanche et noire !
Le vin d’or a des reflets bleus.
Son allégresse est sans rivale.
Il saute comme une cigale
dans la chaleur des prés ombreux.
Et des comètes d’or le suivent,
passant de la nuit au grand jour. » dans l’Hydromel.

Eude
8
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le 17 oct. 2015

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Eu Dé

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