Bérénice-la-conquérante

Très bref topo concernant cette oeuvre qui n'a plus besoin de justification pour être relégué au titre des meilleurs romans de Ducharme.

Un beau roman qui, d'abord, n'est pas forcément accessible à tous types de lecteur: cela m'a pris un temps fou avant d'embarquer dans l'histoire, pour saisir l'ampleur de ses motivations, du dilemme viscérale qui tourmente l'héroïne et fait d'elle un être « au-dessus de la création du titan ».

Toutefois, j'avoue que le tout est bien ficelé, et ce, même si l'on embarque très souvent dans les fantasmagories de l'héroïne qui, plus le récit avance, forge son haut-château, manipule sa pensée pour que seule celles-ci prévalent sur le monde qui l'entoure. Cette violence que porte Bérénice Einberg se répercute partout, même jusqu'au langage « bérénicien » qu'elle emploie chapitre par chapitre pour justement (ne pas) se faire comprendre. En somme, nous ne pouvons rester longtemps stoïque devant cette majestueuse monstruosité qui nous est donné à voir.

J'ai, en somme, un très grand respect pour Réjean Ducharme qui, depuis ma lecture de Ha! Ah!, a semé en moi pleins d'interrogations quant à notre société actuelle (bien que le récit soit écrit en 1966, et donc bien loin de nous) et sur ces douleurs que nous portons tous de ne pouvoir « avaler le monde », le tenir entre nos mains.

Bref, il faut le lire pour le croire, « vacherie de vacherie » !