Jean-Philippe Toussaint nous raconte sa vie en 64 cases. Rien de passionnant

Ne comptez pas sur moi pour participer au concert de louanges qui ont accompagné la sortie du nouveau récit de Jean-Philippe Toussaint, L’échiquier.


Certes, la construction est habile, plutôt astucieuse même, comme si l’auteur belge n’avait pas su choisir dans quelle direction amener son récit, et avait finalement décidé de nous proposer un projet littéraire qu’il qualifie de "tricéphale" dans lequel il est question de la traduction du Joueur d’échecs de Stefan Sweig, d’un essai sur la traduction et d’un récit sur l’écriture du livre que l’on est en train de lire.


Première remarque, si vous n’y connaissez rien aux échecs, ou si vous n’y comprenez pas grand-chose, ce livre risque par moment de vous ennuyer. Pour le reste, L’échiquier est un livre bien décevant, dans lequel l’auteur parle principalement de lui, de lui, et surtout de lui. Les passages les plus gênants étant sans doute ceux qui concerne l’évocation du confinement en 2020, et la manière dont il a appréhendé ce moment : du banal, rien que du banal... Toussaint nous gratifiant de souvenirs et de détails sans aucun intérêt comme par exemple le jour où il est allé à la pharmacie pour acheter des masques.


C’est une jeune stagiaire qui s’occupa de moi, longs cheveux noirs, blouse blanche à col vert. Je lui demandai ce qu’elle avait comme masques respiratoires. Elle disparut un instant et revint avec un masque dans un étui individuel opaque. Je peux le voir, dis-je. Elle défit l’emballage de ses longs doigts élégants et sortit précautionneusement le masque en me disant que c’était ce qui se faisait de mieux.

Plus loin, on apprendra également qu’il a fait des asperges et du saumon à sa maman :


Le dimanche suivant, c’est à notre tour de recevoir maman à la maison. Nous avons préparé des asperges et du saumon. Après la crise de la semaine dernière, j’ai décidé de ne pas boire d’alcool (seule maman boit du vin, un verre de vin blanc).

Un récit fait de souvenirs disparates, sans vraiment de cohérence, comme une sorte de journal de bord où tout se mélange. Sur la fin, le livre commence à gagner en intérêt, quand l’auteur évoque le souvenir de Gilles Andruet, un cador des échecs, mort dans des conditions mystérieuses, et qu’il avait côtoyé durant quelques temps. Des souvenirs aux relents "Modianesques" assez beaux… on pense alors tenir quelque chose qui nous sort enfin de l’ordinaire, mais c’est à ce moment-là que le livre se termine.

BenoitRichard
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le 19 oct. 2023

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