L'élégance du hérisson est le livre d'une personne brillante. Muriel Barbery est normalienne, cela se sent au travers de ces analyses de Marx, de la phénoménologie ou en encore de Guillaume d'Ockham dont est ponctué son livre. Mais malheureusement tout ce qui brille n'est pas d'or et ces quelques passages n'arrivent pas à masquer la vacuité du reste.


Ce qui me dérange le plus dans ce livre, c'est le manque d'aspérité dans l'idéal des personnages, qui sont d'un kitsch consommé.
Leur vision angélique du Japon m'a beaucoup agacé, alors qu'il demeure le berceau d'une grande violence sociale et est une civilisation qui a commis de grandes atrocités au cours de la 2nde guerre mondiale, Japon idéalisé qui me rappelle la façon dont les japonais perçoivent la France depuis leur île lointaine.


Cette occultation confine les personnages dans un idéal de confort bourgeois où les macarons Ladurée sont d'autant plus délectables qu'ils sont dégustés avec un joli petit fond de Saint Saëns dans la chaine Hi-Fi, ou devant un film d'Ozu.


Et ce renoncement, la concierge cultivée qui passe sont temps à critiquer les habitants de son immeuble, et qui n'a pas d'autre ambition que de lire et de relire Tolstoï calfeutrée dans son petit coin. Comme si la culture se suffisait à elle même ou pire qu'elle ne servait qu'à passer le temps devant un bon thé pour discuter scolastique, entre soi... Belle vision clivante et totalement stérile de la culture, qui au final ne devrait servir qu'à dégager une nouvelle aristocratie ? Aïe..


Ce livre s'inscrit bien dans son époque où l'on se juge essentiellement dans notre rapport à la culture ; bien que cette approche ne se trouve être souvent, au final, qu'une convergence d'opinion ou pire le fruit d'un besoin d'appartenance plutôt qu'un véritable dialogue.


Les personnages sont trop caricaturaux pour être crédible ou soulever un soupçon d'émotion.
Le style est grammaticalement un peu trop plan-plan, voir lourd, avec des tournures datés et un lyrisme sans envergure.
Je suis resté indifférent à ce livre, qui m'a glissé dessus sans avoir réussi à m'accrocher.

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le 8 déc. 2010

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