En août 1991, l’Union soviétique chancelle. C’est dans ce contexte d’effondrement qu’un jeune homme surnommé le Gris sort de prison. À peine majeur, marqué par la violence et les rapports de force, il n’a rien d’un héros romantique. Ce n’est pas un criminel de haut vol, juste un gosse brisé, que l’on envoie porter un message. Sa mission ? Traverser l’ex-URSS, jusqu’à Kaliningrad, et découvrir, au fil des rencontres, ce qu’est devenue la liberté.
Au début, j’ai eu du mal à m’attacher à lui. Il m’a agacée, ce Gris trop dur, trop fermé. Et puis, peu à peu, à mesure que le monde autour de lui se délite, je l’ai suivi dans cette errance entre les ruines d’un empire. J’ai dévoré la deuxième moitié du roman, jusqu’à une chute qui m’a prise à revers.
L’enclave n’est pas qu’un roman d’époque, il interroge avec finesse les illusions d’une liberté toute neuve, où espoirs et désillusions se côtoient. Benoît Vitkine, journaliste aguerri, connaît son sujet : Kaliningrad, la fin de l’URSS, les dérives du pouvoir. À travers une galerie de personnages incroyables, soldats désœuvrés, directeurs de kolkhoze opportunistes, jeunes avides de plaisirs , il dresse un portrait à la fois précis et poétique de cette période charnière.
L’Enclave interroge la liberté : que vaut-elle lorsqu’elle arrive trop tard ?
Court, parfois trop, ce roman nous fait néanmoins sentir les odeurs, la poussière et la confusion d’un monde qui vacille. Ce Candide post-soviétique marche vers chez lui, mais c’est vers une vérité plus vaste qu’il progresse : celle d’un pays en miettes où chacun tente de tirer son épingle du jeu. Et parfois, cette vérité pique.
Un roman intelligent, souvent amer, mais qui rend l’Histoire palpable. Et qui rappelle, à travers le regard d’un garçon perdu, que les grandes révolutions ne sont jamais vraiment linéaires. https://latelierdelitote.canalblog.com/2025/06/l-enclave.html