Fatras de supposition

Attention, fake ! Si vous trouvez Charles Forrester, le héros "cryogénisé puis réanimé dans un futur lointain" totalement à côté de la plaque durant 95 % de l'intrigue, c'est normal. Si vous vous demandez pourquoi ladite intrigue manque cruellement de rythme, n'a ni queue ni tête, et ressemble plus à une visite touristique qu'autre chose, c'est tout aussi normal... Car de l'aveu même de Frederik Pohl (dans la note de l'auteur, à la fin du roman), l'Ere du Satisfacteur n'est pas tant un roman qu'une sorte d'essai sociologique sur l'évolution de l'humanité.

"Essai sociologique sur l'évolution de l'humanité", dit comme ça, ça en jette... Mais en ce qui me concerne, je cris au scandale ! Car à la lecture, il s'avère tout bonnement impossible de s'identifier à un héros plus niais que ma petite sœur, qui enchaîne gaffe sur gaffe (afin de se voir expliquer par quelques protagonistes les subtilités de ce meilleur des mondes), ou de suivre des péripéties absurdes ou téléphonées dont la seule raison d'être est d'amener le personnage dans un nouveau recoin de cette simili-utopie.

Reste une succession de paris sur ce dont sera fait demain, plus ou moins bien vus (et rudement kitsch pour la plupart, parce que la SF a le temps de vieillir en 50 ans quand même), avec au centre les fameux Satisfacteurs, qui font effectivement beaucoup penser à nos téléphones portables actuels. Super.

Frederik Pohl est un auteur de SF important et souvent jouissif, mais ses thèmes de prédilection (le capitalisme mâtiné de Space Opera) sont nettement mieux traités dans des livres tels que Planète à Gogos où encore le cycle de la Grande Porte. Alors faites vous plaisir et gagnez du temps en lisant ceux-là.