Inner City
6.9
Inner City

livre de Jean-Marc Ligny (1996)

Oh, j'aurai aimé que le net soit un endroit dangereux et palpitant. J'aurai aimé être poursuivi par des IA fantômes sur le cosmo-cyber-web, et risquer des déconnexions traumatiques à l'approche de redoutables méta-zones '404'. Mais il faut se rendre à l'évidence, de nos jours, les plus grands dangers de la 'Haute Réalité' sont de se voir troller par un gamin boutonneux sur un forum ou proposer 10 000 $ par un ministre Africain en exil.

Aussi, pour une personne un tant soit peu au fait des nouvelles technologies et de leur réalité, il est parfois dur de suivre Jean-Marc Ligny lorsqu'il met en scène des confrontations virtuelles où tout semble possible, sauf bien sûr ce qui rendrait les choses trop simples aux personnages principaux (du moins jusqu'au dernier moment, où il s'agit alors d'inventer de nouvelles règles pour les sauver).

Pourtant, pour qui est prêt à fermer les yeux sur quelques Deus Ex Machina, ce ne sont pas les qualités qui manquent à Inner City.
Tout d'abord, il s'agit d'un roman de cyberpunk LISIBLE (et même parfaitement compréhensible de bout en bout), ce qui produit son petit effet après les années de tyrannie des Gibson, Sterling et autres Stephenson.
Ensuite, Inner City propose de découvrir le futur... de la région Parisienne, contexte assez peu courant dans le paysage de la Science-Fiction : cocorico ! Et même rrrouuu rrouuu, en fait.
Enfin, l'univers fait preuve d'un souci du détail remarquable, notamment au niveau du champ lexical. De la nomenclature technologique où chaque objet et fonction a un nom cohérent (et classe), une abréviation et des dérivations argotiques au langage 'franco-vulgo-anglais' proprement stupéfiant des Outer de Slum City ('Speed toi meufette, ou jte kill'). Méta-immersif.

Malheureusement, l'intrigue souffre tout de même de quelques facilités, clichés et surtout de son message très consensuel : le virtuel, c'est pas bo, l'amour c'est mieux, surtout en Basse Réalité. Pas follement édifiant.

Quoiqu'il en soit, si vous accrochez à Inner City et à son univers mi-cyberpunk mi-post-apo, sachez que vous pourrez prolonger la ballade avec Cyberkiller (Grand prix du titre ridicule 2008), la trilogie des Zapmen (composée de Slum City, du Chasseur Lent et des Guerriers du Réel, destinée à un public jeune, ce qui donne au récit un côté 'light' parfois un peu frustrant) ou encore Razzia (résultat du travail d'un collectif d'auteurs dirigé par Ligny lors d'un atelier d'écriture en haute réal... sur internet).
Norad
6
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le 8 oct. 2010

Critique lue 501 fois

3 j'aime

Norad

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