Maggie O'Farrell est dans le paysage littéraire irlandais, une valeur sûre. L'autrice a récemment publié I am I am I am chez Belfond, mais son roman le plus connu est sans contexte L'étrange disparition d'Esme Lennox publié chez 10/18. Roman choral, il est le cri de centaines femmes dont la vie fut détruite par l'internement abusif.


Vivement conseillé par Lottes of book, une amie blogueuse, j'ai profité du weekend de Pâques et de ces quelques jours de repos pour pouvoir découvrir la plume de Maggie O'Farrell.


Drame familial et psychiatrie


Car elle suivra cette main, l'accompagnera dans le blanc, la foule, le couloir et plus loin encore


Lors de la fermeture de l'hôpital psychiatrique, Iris découvre une grande tante considérée comme folle, enfermé là depuis près de soixante ans et dont tout le monde a semble t-il oublié l'existence. Qu'a donc fait Esmé dans les années trente pour être interné et effacé de la vie de ses proches ?


À l'ouverture du roman, j'avais volontairement fait le choix de ne pas lire de chroniques et d'avis sur la toile ou sur les réseaux sociaux. C'est quelque chose que je fais de plus en plus et qui me réussit très bien. Esme, c'est la vie d'une adolescente des années 30/40 qui a eu l'audace d'essayer de mener sa vie comme elle l'entendait. Écrit comme un roman polyphonique, L'étrange disparition à de quoi surprendre au début et pour ma part m'a beaucoup dérouté durant les premières pages. Tantôt dans la tête d'une sœur souffrant d’Alzheimer, parfois dans celle d'Esmé, le roman offre différentes visions d'un même événement rarement dans l'ordre chronologique. Mais trouve son équilibre rapidement jusqu'au point final, choquant, mais tellement logique en regard de la vie détruite d'Euphémia (Esme)


À travers la vie d'Esme qui est un beau gâchis au profit des biens pensants de son époque, L’étrange disparition met en lumière toutes ces femmes internées qui ont eu l'audace de penser par elles-mêmes et dérangeaient les mœurs. Alors qu'on se cachait derrière l'hystérie, l'internement féminin ne nécessitait que la simple signature d'un médecin et ce sont des centaines de vies détruites. Le roman est à mon sens à mettre en parallèle avec le reportage de Nellie Blye écrit en 1887 "10 jours dans un asile".


Véritable cri du cœur, le court roman de Maggie O'Farrell ne laisse pas indifférent et marque à long terme. Roman sur la famille, sur la facilité qu'il y avait à se débarrasser d'une femme ou tout simplement sur le fait d'être femme durant la première moitié du XXe siècle, L'étrange disparition est à mettre entre toutes les mains.


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Musea_uranie
8
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le 23 avr. 2019

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Musea_uranie

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