Le titre frappant m’était resté en mémoire, de lectures vagues de suppléments littéraires - il y a près de 8 ans maintenant, donc. Avec cette image : une voiture en panne sur une piste africaine, un narrateur bloqué - et pas beaucoup plus, mais c’était suffisant pour tenter le voyage avec Jean Rolin.
La durite explose bien, c’est certain, et dès les premières pages, bloquant le narrateur sur un bord de route congolais. La voiture d’occasion qu’il importe est bloquée, les camions menace les passagers attendant la pièce de rechange, l’ironie douce de Rolin s’écoule joliment, le voyage va être agréable.
Mais l’intelligence du livre se révèle vite, car la majeure partie des pages évoque surtout les démarches conduisant à l’exportation d’une vieille Audi vers le Congo pour en faire un taxi. On navigue ainsi dans les banlieues et les arrondissements du nord de paris, avec ces vigiles de McDo en ancien colonels d’armée congolaise, ces sociétés d’assurance verreuses perdus sur des ronds-points, les recherches d’un convoyeur en bateau, les petits problèmes de carte de séjour en France…
Le passage d’un point à autre est joli, évoque l’histoire récente du Congo ou les voyages de Conrad, les marins ukrainiens sur les porte-conteneurs vers l’Afrique. Quelle belle idée en effet que de plonger le narrateur sur un tel bateau de commerce contemporain, petit intrus lisant Proust et tapant le bout de gras avec les marins internationaux, remarquant d’un coin d’oeil inquiet ses oiseaux qui restent sur le bateau même si la côté devient trop lointaine. Un beau voyage avec Rolin, donc…