Vous avez toujours tout voulu savoir sur les Petits Hommes Verts, venant évidemment de la planète Mars, les Petits Gris, les soucoupes volantes et l'effondrement des paquets d'ondes, alors lisez L.G.M. ! Le dernier roman de Roland C. Wagner vous transporte de la Terre à la planète rouge, en passant par la Californie indépendante et les fins fonds de la Russie soviétique, tout cela en nous faisons croiser les extraterrestres verts et gris.
L.G.M. se veut un hommage au Martiens, go home ! de Fredric Brown et force est de reconnaître que l'auteur du Chant du cosmos fait honneur à son prédecesseur américain. À tel point qu'il me semble nécessaire d'avoir lu au préalable l'aventure de Luke Devereaux avant celle de l'agent de la DGSE et de l'ambassadeur martien, duo de choc de L.G.M., avant de lire ce dernier roman. Car on perçoit alors sans problème les références à l'œuvre qui a inspiré Wagner, signe que l'hommage est réussi. Certes, l'ambassadeur martien ne couime pas, il se téléporte banalement ; certes, il n'appelle personne Toto, mais il bédave sec et est capable de se taper une demi-douzaine de gonzesses en même temps, ce qui est autrement plus horripilant... Le Martien wagnerien est donc bien différent des Martiens browniens et c'est tant mieux, d'autant plus que la comparaison entre les deux romans s'arrête à la présence de Petits Hommes Verts dedans... et évidemment à celle d'un humour débridé.
Je ne veux pas raconter l'histoire qui nous est contée dans L.G.M. et je me contenterai seulement de dire que le héros, un agent secret français chargé de la protection du premier ambassadeur martien à venir visiter la Terre, va aller de péripéties en péripéties tout au long du roman. Il se rendra aux quatre coins d'un monde bien différent du nôtre, et pour cause : la sonde Arès-1 envoyée sur Mars a pris pour unique photo celle d'un Martien espiègle ; nous sommes après l'an 2000 et la Guerre Froide est toujours d'actualité ; la Californie et d'autres états américains ont pris leur indépendance, et caetera. L'auteur s'amuse beaucoup avec notre monde pour faire du lecteur le témoin de scènes rocambolesques, pour lui présenter des personnages d'autant plus ridicules qu'ils sont sensés être sérieux et/ou dangereux ou pour déboulonner à l'occasion les politiques (surtout le Président américain qui n'est pas sans rappeler le fils Bush, d'autant plus qu'il s'appelle Petit Buisson) et des groupes sociaux divers et variés.
Enfin bref, comme dans tous ses romans, Roland C. Wagner nous fait rire. Il raconte en plus une histoire passionnante, qui se lit très bien grâce à une grande qualité d'écriture et qui se révèle finalement bien plus intelligente et impertinente qu'il n'y paraît (mais là encore c'est une caractéristique de l'œuvre wagnerienne). Mention spéciale à la brillante explication de l'expérience du schbrounniekk dans la caverne qui n'a pas à rougir devant celle de Greg Egan dans son roman Isolation.
Je dis donc merci à l'Homme-intestin et à l'auteur himself de m'avoir conseillé ce roman que j'invite à mon tour à découvrir sans hésitation.