Suite au stupéfiant épilogue du premier tome du Haut-Royaume qui avait pu laisser pantois le lecteur devant l’événement qui terrassait son protagoniste principal, l'entame de ce second opus se révéla quelque peu troublante.


Troublante car sans Lorn, la vie du haut-Royaume et de ses voisins devenait plus terne. Sieur Pevel se serait-il laissé emporter par la manie scénaristique du G.R.R Martin ? (chacun des tomes du Trône de fer se termine en apothéose et chaque nouveau tome débute très -mais alors vraiment très - calmement) En effet, il faut encore une fois attendre plus de 100 pages pour retrouver le sombre héros et les péripéties palpitantes qui forment son cortège écarlate.


Mais une fois revenu sur les rails, le récit devient haletant, captant toute entière l'attention du lecteur hébété devant tant de sursauts narratifs. Les survivants de la garde d'onyx en bavent sévèrement et ce monde n'est manifestement pas fait pour les tendres, tant les perfides intrigues de palais et les hécatombes lors des combats sont légions. Ce qui s'avère passionnant, outre la plume virevoltante de l'auteur, c'est cette ambiance qui oscille en permanence entre l'ombre et la lumière.


Lorn, le héros, si ce terme peut encore s'appliquer à ce personnage, devient de plus en plus sombre, cédant à ses pulsions les plus noires. Ses camarades, toujours fidèles en dépit des moments de crise, ne semblent pas se rendre compte à quel point il s'abîme dans l'obscure par moments. L'auteur malmène d'ailleurs le lecteur, lui laissant imaginer que la rédemption est possible pour, un peu plus loin, faire sombrer son personnage dans la bassesse la plus abjecte. La scène finale est à cet égard particulièrement horrible, la vengeance de Lorn primant sur toute autre considération. On se demande alors ce qui lui reste d'humanité lorsqu'il fait son choix sciemment.


Alternant avec brio les moments de rouerie et les scènes épiques, Pierre Pevel prouve une fois encore son talent pour la narration de sombres épopées.
Comme l'auteur a lui-même annoncé au départ de cette aventure littéraire qu'il s'engageait dans une "beaucoup-logie", le plaisir de suivre la destinée du Haut-Royaume devrait encore perdurer un bon moment, que ce soit tant pour la joie des lecteurs captivés que pour la souffrance des protagonistes de son oeuvre épique.
Ces derniers n'ont certainement pas fini de prendre des coups !

Apostille
9
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le 1 janv. 2017

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