Je ressors de cette lecture chamboulée. Je m'attendais à quelque chose de davantage tire-larmes lorsque je l'ai débuté, mais il n'en est rien au final. Bone raconte sa vie comme elle est, sans misérabilisme. Ce qui est accrocheur, c'est que le roman contient une grande part autobiographique. On ne sait pas où commence la fiction, mais ce n'est pas l'important. L'important, ce sont les émotions sincères qui se dégagent de ces phrases courtes, qui vont droit au but.
La description des petites choses qui forment le quotidien dans un patelin de Caroline du Sud: l'odeur de la grand-mère, les jeux avec les cousins, les discussions familiales avec les tantes, le whisky des oncles, l'amour pour la musique gospel... Puis des choses plus sombres se trament en arrière-plan: la pauvreté omniprésente, les petits boulots éreintants et précaires, les déménagements constants, le cancer et la mort, le suicide d'une camarade, les crises de folies... Et bien sûr les abus physiques et psychologiques que Bone subit par 'papa Glen', le compagnon de sa mère. Les hommes ne sont pas dépeints de façon tendre: ils sont immatures dans leur comportement, maltraitent parfois leurs femmes, mais ont toujours besoin d'elles pour s'occuper d'eux; comme des enfants violents. Chez Glen, cette immaturité va de pair avec une brutalité malsaine qui prend source dans une frustration qu'il ne peut pas canaliser.
Tout ceci donne un drame familial bien loin des clichés habituels, qui pose les bonnes questions. On se rend compte que les relations humaines sont complexes et que les choix que nous décidons de faire, les chemins que nous décidons de prendre, tout cela n'appartient qu'à nous et ne peuvent pas toujours être expliqués.