Le train quitta le tunnel pour pénétrer dans la vive clarté du soleil. Il arriva au bout de son virage, puis se lança à l'assaut du pont aux lignes aériennes. Par-delà la rambarde, Gurgeh aperçut des pâturages verdoyants ainsi que le fleuve miroitant qui serpentait au fond de la vallée, cinq cents mètres sous ses pieds. L'ombre des montagnes s'étirait sur les prairies étroites, celle des nuages mouchetait les contreforts et leur tapis de forêt. Le vent chassé par le train ébouriffait ses cheveux tandis qu'il respirait goulûment l'air doux et parfumé de la montagne en attendant le retour de son adversaire. Des oiseaux tournoyaient au-dessus de la vallée, presque au niveau du pont. Leurs cris résonnaient dans l'air immobile, à peine audibles dans le chuintement du train qui filait.






« Mais la réalité tout entière est un jeu. Dans ce qu'elle a de plus fondamental, la physique – le tissu même de notre univers – résulte directement de l'interaction de certaines règles passablement simples et du hasard ; la même description vaut pour les meilleurs jeux, les plus élégants, ceux qui s'avèrent les plus satisfaisants à la fois sur le plan intellectuel et le plan esthétique. De par son caractère inconnaissable, et du fait qu'il résulte d'événements qui, au niveau subatomique, ne peuvent être tout à fait anticipés, l'avenir demeure malléable et conserve la possibilité de changer, l'espoir d'accéder à une position prééminente ; l'espoir de la victoire, pour employer un terme tombé en disgrâce. C'est en cela que le futur est un jeu ; un jeu dont l'une des règles est le temps. »






Les rues et le ciel de la cité étaient également envahis par la circulation. Groasnachek ressemblait à un colossal animal aplati et couvert de piquants, semé de lumières la nuit et enveloppé pendant la journée dans la brume et sa propre haleine accumulée. Sa voix était un chœur sonore et embrouillé, un bruit de fond omniprésent composé de rugissements incessants de moteurs et de machines, auquel s'ajoutait le déchirement sporadique des avions qui la survolaient. Les plaintes, hululements, gazouillis et autres clameurs incessantes criblaient le tissu de la ville comme autant de trous d'obus.



Traduction par Hélène Collon.

Zenigata
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le 15 oct. 2018

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