Le décor planté est prometteur : grands espaces lunaires (d'où le titre), un homme solitaire, mentalement et socialement torturé, pris entre la nudité de la roche et l'immensité de la nature (assez classique finalement pour Gallmeister, l'éditeur fétiche d'une littérature des grands espaces), une tension palpable à l'idée.

On en ressort finalement avec un goût d'inachevé et de gâchis : les montées en tension narrative - loin d'être crescendo et permanentes tout au long de l'opuscule pour atteindre l'extrême, comme le promet un peu abusivement la 4ème de couv - retombent quasi systématiquement comme un soufflé, coupés par des soliloques aussi confus qu'inutiles, quoique renforçant la dimension loufoque du personnage, qui nous gratifie d'une scène d'anthologie dans son plus simple appareil : totalement à poil.

De même, on pressent un final à vous couper le sifflet ... et bien que la surprise est honorable, le résultat demeure un tantinet décevant, comme ces repas de macdonaldesques finalement pas si désagréables mais qui vous laissent inévitablement sur votre faim, et avec l'impatience de retourner aux fondamentaux, dans votre vieille boulangerie, votre généreux charcutier ou votre fin caviste, à la rechercher d'éléments plus authentiques et nourrissants !

On ne juge pas un roman au poids. Mais il n'en demeure pas moins que compte tenu de sa brièveté et de sa lecture facile, celui-ci présente certains traits dignes d'un petit détour, par l'atmosphère inquiétante qu'il parvient à créer en filigrane (pour le dire trivialement, l'investissement pour s'y plonger n'est pas trop lourd, et donc peu risqué) : illuminations et obsessions mystérieuses qui saisissent le personnage, hostilité et rugosité du milieu dans lequel il se complaît...

jhue
6
Écrit par

Créée

le 24 août 2011

Critique lue 239 fois

2 j'aime

1 commentaire

jhue

Écrit par

Critique lue 239 fois

2
1

D'autres avis sur L'homme qui marchait sur la Lune

L'homme qui marchait sur la Lune
Elivath
7

Lunaire marcheur

L'Homme qui marchait sur la Lune nous permet de rencontrer un personnage tout à fait spécial, lunaire, sans avoir besoin de forcer le jeu de mot, William Gasper, ancien de la Guerre de Corée,...

le 28 févr. 2016

1 j'aime

L'homme qui marchait sur la Lune
lasprezzatura
2

Puisqu'il est sur la lune, qu'il y reste !

Un livre atrocement prétentieux, plein de fausses hardiesses et de provocations stylistiques à deux balles, une intrigue téléphonée, des changements narratifs gros comme des montagnes. Le lecteur,...

le 9 févr. 2013

Du même critique

La Sanction
jhue
8

Critique de La Sanction par jhue

Un héros haïssable, une tension plus que palpable, un auteur affable ... et caustique sur les bassesses de notre monde. Une mise en abîme (c'est le cas de le dire) plutôt saisissante sur les...

Par

le 22 août 2011

4 j'aime

3

Scintillation
jhue
9

Critique de Scintillation par jhue

Ce livre est un oxymore : noir et lumineux, putride et optimiste... Il se dégage de ce texte une véritable intensité poétique, mise au service d'une réflexion engageante sur le péril environnemental,...

Par

le 3 juil. 2012

3 j'aime

1

Citoyens clandestins
jhue
8

Pas le temps d'écrire une critique....

... mais lisez-le, c'est étonnamment bien construit, instillant une tension crescendo. Très puissant !

Par

le 14 févr. 2013

2 j'aime