Avec la sortie récente du film d'Eric Lartigau (avec Romain Duris dans le rôle principal) j'ai décidé de me lancer dans la lecture d'un roman de Douglas Kennedy (pour savoir ce que c'était). Naturellement, j'ai choisi de me lancer dans celui qui avait été à l'origine de cette adaptation et qui selon ce que j'avais pu lire avait eu un grand succès.

Pour ce qui est du positif il faut avouer que ça se lit facilement, et que cela a bien occupé les deux fois trois heures de train que j'ai devais vivre cette semaine. Après tout, c'est exactement ce que je lui demandais.
D'un autre côté, je dois aussi admettre que même en ayant vu d'un oeil distrait la bande-annonce, je m'attendais à une histoire toute autre, voire même à une petit côté fantastique lié à la notion de changement de vie, une genre de tour de passe-passe permettant à notre héros en quête de sa "vraie vie" de mourir sous nos yeux et de ressusciter par l'opération du saint esprit. De se suicider et de renaître de ses cendres.
Mais point de magie vaudou, point de mystique. On reste jusqu'au bout dans un rationalisme policier assez peu empreint de suspense, et on est finalement déçu par une intrigue somme-toute franchement terre-à-terre, malgré une tentative de twist poussive qui démarre comme par hasard à exactement 50 pages de la fin du roman (qui en compte 500 en tout). Même avec de la bonne volonté, aucun ressort de l'intrigue n'est parvenu à me surprendre. Bizarrement j'en suis presque venue à regretter que l'auteur n'ait pas choisi la solution de facilité du rêve ou du surnaturel, plutôt que de me servir sur un plateau cette intrigue téléphonée.
Et puis tant qu'à faire, au point de facilité où on en arrive à la fin (sans spoiler pour ceux qui ne l'ont pas lu, je parle bien évidemment du cas Rudy Warren), pourquoi ne pas aller jusqu'au bout et permettre au héros de regagner ce qu'il désire finalement par dessus tout : sa "vraie vie", qui ne correspond peut être pas à celle qu'il a cru devoir poursuivre tout au long du roman.

En ce qui concerne le style, c'est l'encéphalogramme plat. Un résumé relativement fidèle pourrait être : Blablabla échantillon du catalogue Gap blablabla petit cours de droit du patrimoine blablabla manuel du castor junior pour la navigation à la voile blablabla je suis un caïd de la photographie blablabla... (et ainsi de suite).
On s'emmerde, et en plus on a le sentiment que Douglas Kennedy qui s'emmerde autant que nous, a besoin pour faire illusion d'étaler quelques couches de confiture pour les cochons en nous exposant de façon vraiment indigeste et parfois même en des termes incompréhensibles pour un non initié, ses connaissances sur chacun des sujets auxquels son héros se retrouve confronté. A tel point que ça devient presque ridicule, et même à un certain point risible, le summum étant atteint vers le début du roman lorsque sur une demie page, nous avons droit à un inventaire des différents articles du catalogue Gap, prix et description des produits achetés par le héros à l'appui pour une belle démonstration que le livre aussi est un secteur de choix pour les marques soucieuses de faire de la publicité masquée. C'est à se demander si ce cher Monsieur Kennedy n'a pas reçu un gros chèque pour citer une cinquantaine de noms : Gap, McDo, IBM... apparaissant ici sous leur meilleur jour alors qu'étrangement Ralph Lauren est présenté comme le symbole diabolique du snobisme des banlieues chics.

En bref, j'ai non seulement trouvé que ça manquait sacrément de relief et de rebondissements, mais en plus j'ai presque eu le sentiment qu'on était en train d'essayer de faire passer la pilule du mauvais roman en l'enrobant d'une bonne dose d'informations, justes et à propos j'en conviens, mais sans intérêt du point de vue littéraire.
Eh bien Douglas, c'est bien tenté, mais là désolé, la couleuvre est tout de même un peu grosse, et je ne l'avale pas.
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le 4 sept. 2011

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Minizyl

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