L'enterrement de 30 cercueils

Il est toujours dangereux de se replonger dans des lectures de notre adolescence : il y a 50 ans, j'avais adoré "l'Ile aux Trente Cercueils", que je considérais comme l'un des meilleurs Lupin, même si Don Luis Perenna (défenseur de la veuve et l'orphelin et pourfendeur de borches en cette annee 1917) n'apparaît que dans le dernier tiers du livre. Le relire aujourd'hui, dans la foulée d'une effroyable série TV s'avère une vraie déception. L'histoire ne commence pas si mal avec un jeu de piste dans une ancienne Bretagne assez frappante, puis une arrivée sur le sinistre îlot, et enfin le massacre de ses habitants dans une scène assez apocalyptique : gothique, torturé, c'est du Leblanc millésimé et le côté outrancier est indiscutablement intéressant.

Puis le livre s'effondre littéralement avec un long passage d'aventures topographiquement incompréhensibles, dans des cavernes, des souterrains, des cellules cachées bardées de pièges. On a envie de tout arrêter là, tant c'est ridicule et inintéressant. Et puis Lupin surgit, tel un impeccable Deus ex Machina qui va tout résoudre sans trop se fatiguer, avec son génie, son argent, ses troupes africaines. Et finalement, tout ça ne prête guère à conséquences et s'avère drôle et divertissant, même s'il vaut mieux éviter de trop penser à la logique de l'histoire.

Bref, on est quand même ici dans une littérature de série B, voire Z. De quoi m'inquiéter quant à une poursuite éventuelle de ma relecture des Arsène Lupin.

[Critique écrite en 2022]