Relecture.
Ce livre, paru en 1954, est un des derniers que Roger Vercel ait écrit au retour d'un voyage dans les Antilles.
Roger Vercel est cet écrivain, installé à Dinan pour bénéficier d'un climat maritime pour ses poumons malades des gaz absorbés dans les tranchées en 1914. Il est surtout l'écrivain passionné par la mer et la vie des marins sans qu'il ait pratiqué lui-même. Simplement, il écoutait les récits, se documentait et écrivait des livres que j'ai toujours trouvés passionnants. Sachant, qu'il n'avait pratiquement pas quitté Dinan, je trouve les livres bluffants.
"L'île des revenants", c'est autre chose. Le livre raconte le voyage d'un homme, Jacques Didier, sur un paquebot pour rejoindre la Martinique et y passer quelques semaines. Il est en mission d'évaluation pour le compte de grandes banques sur l'opportunité d'investir dans les Antilles dans le domaine du tourisme. À ce titre, il est amené à approfondir des relations avec l'habitant qu'il soit blanc ou de couleur. La Martinique en tant que colonie n'est pas le sujet du roman. Par contre le sujet concerne bien les relations ambiguës entre les deux populations (les deux communautés) qui se côtoient depuis plusieurs siècles dont le rapport de force évolue petit à petit vers une prise en main progressive de l'île par la population noire au grand dam de la communauté "békée" qui reste accrochée à ses entreprises agricoles de cannes à sucre et aux raffineries de sucre. Pour résumer, ce sont les "békés" qui ont, à cette époque et peut-être encore aujourd'hui, la haute main sur l'économie de l'île, les échanges avec la métropole et la grande distribution sur l'île.
Le roman s'adosse à cette réalité incontournable pour décrire des tranches de vie. On s'intéressera, par exemple, au devenir de certains couples mixtes, celui du docteur Adeline, marié en France pendant ses études à une femme blanche, qui revient à la Martinique. Le rêve initial pourrait bien se transformer en cauchemar du fait de l'ostracisation de la femme blanche d'un côté comme de l'autre. On s'intéressera aussi à Bernardine, une femme – békée – que Jacques Didier avait rencontrée des années auparavant en France dans une station thermale et qu'il retrouve ici dans un tout autre cadre …
Et puis Vercel ne serait pas Vercel s'il n'y avait pas les descriptions de la nature luxuriante de l'île, s'il n'y avait pas aussi la séquence du tremblement de terre avec l'émotion des sauveteurs quand ils découvrent sous les décombres, un bébé vivant, poussé à temps sous une table par la mère avant qu'elle ne meure écrasée par le toit de la maison.
Et puis ce roman me rappelle un souvenir très ancien (1965, j'avais alors 10 ans !) qui ne présente aucun intérêt ici sinon celui de porter la note de ce compte-rendu de 6 à 7 …