La Belle Sauvage - La Trilogie de la Poussière, tome 1 par LesCritiquesdeLex

Préquel de la Trilogie A la croisée des mondes

Une des questions que je m’étais posée quand j’ai lu Les Royaumes du Nord, le premier tome de À la Croisée des Mondes était : Comment Lyra s’est-elle retrouvée à vivre avec un groupe d’Erudits qui ne savent pas s’occuper d’une enfant ? Bien sûr, une partie de réponse était que Lord Asriel, dont on apprend par la suite qu’il est son père, l’a fait placée ici ; mais était-ce l’unique solution ?


Dans ce préquel, on suit Malcom, onze ans, fils des tenanciers de l’auberge de la Truite ; il est au début un spectateur de l’Histoire, ce n’est qu’un garçon comme les autres, friand d’aventures, mais aussi de connaissance. Il a la chance de pouvoir discuter avec bon nombre d’Erudits, d’homme de lettres et artisans quand il travaille à l’auberge, cela lui permet d’assouvir sa soif de savoir. Il aide également les nonnes du couvent de l’autre côté du fleuve, leur fait de menues commissions contre quelques sous.

C’est dans ce contexte loin de la politique qu’on entend parler des protagonistes de la première trilogie : Lord Asriel et Mme Coulter ont eu un enfant ensemble, la petite Lyra, qui est placée par la justice dans le couvent, car sa mère n’en veut pas la garde et la justice interdit à son père de l’approchée à moins de 50km.


Un slow burn action


De prime abord, j’ai trouvé que l’action était longue à venir, pourtant je continuais à lire. En vérité, j’attendais de l’Action, avec un grand A, comme si je lisais un roman d’aventures ; mais les péripéties sont présentes, en vérité, dès le premier chapitre, il suffit juste d’ouvrir ses yeux comme Malcolm ouvre les siens. L’intrigue se noue lentement, posément, comme des pièces d’échiquier qu’on place stratégiquement avant de lancer son attaque finale. On apprend petit à petit à connaître et aimer Malcolm : c’est un jeune garçon qui a beaucoup de potentiel, il est intelligent autant par son expérience sur le terrain que par ce qu’il a appris dans les livres et par les Érudits, il a du bon sens et de la ruse, il réussit plusieurs fois à orienté des conversations de sorte que ses interlocuteurs lui révèlent une information, verbalement ou non, mais il sait également tordre la vérité, même mentir, pour se protéger, et protéger Lyra.


Ce que je n’attendais plus (parce que ma lecture était déjà bien agréable) arrive enfin, de l’action. Si la première partie se déroule aux mêmes endroits, augmentant peu à peu les enjeux à mesure que Malcolm découvre des secrets ; la deuxième partie se déroule en pleine inondation, à bord du canoë de Malcolm, La Belle Sauvage, avec Alice, une jeune fille qui fait la plonge à la Truite, et Lyra qui a à peine huit mois et décrit une course poursuite contre un homme qui cherche à récupérer la petite pour une raison inconnue et contre les éléments qui se déchaîne, car cette inondation est loin d’être totalement naturelle.


On retrouvera enfin, dans cette deuxième partie, les éléments qui nous ont fait aimé A la Croisée des Mondes, le surnaturel naturellement présent dans ce monde, un endroit hors du monde où les gens ne sont plus vraiment en vie, une « fée » ou peut-être est-ce une sorcière qui a perdu la tête, et une vraie sorcière également. Et bien sûr, la Poussière est présente, mentionnée, mal comprise.


Ce que j’ai moins aimé


Il y a deux choses avec lesquelles j’ai eu plus de mal. La première, c’est le personnage d’Alice, qui a beaucoup d’importance dans la seconde partie, mais dont je trouve qu’elle n’est pas assez étoffée dans la première partie, qui sert tout de même à mettre en place les éléments de la seconde partie. Le fait qu’on apprenne, juste avant la deuxième partie, qu’elle travaille aussi depuis peu au couvent arrive comme un cheveux sur la soupe et un bon moyen de faire en sorte qu’elle soit présente pour s’occuper de Lyra quand tout part à vau-l’eau.

L’autre point qui m’a fait tiqué en découle. Malcolm, vers la fin du volume, commence à avoir des sentiments pour Alice, sans pouvoir les nommer. Que sa relation avec Alice change avec toutes les péripéties qu’ils ont vécu, cela est normal et logique, sachant que la relation était quasi nulle à la base ; mais c’est forcé le trait, à mon avis, de faire comprendre au lecteur que Malcolm commence à aimer d’amour Alice.


Un dernier point qui m’a dérangée, c’est la fin. Même si c’est le premier tome d’une trilogie, j’ai appris que le deuxième tome allait se passer après les évènements d’A la Croisée des Mondes, alors la fin de ce premier tome m’a paru particulièrement abrupte. J’ai eu l’impression qu’on me coupait au milieu d’une scène. Pas de conclusion à l’argumentaire. C’était particulièrement perturbant, il manque quelque chose.


Résumé de mon avis


Je n’ai eu aucun mal à me plonger dans cette lecture une fois que j’ai dévié mon attente à propos des péripéties. Si l’action n’est pas ostensiblement active dans la première partie, elle permet de mettre en place tout l’univers que Malcolm découvre et savoir où porter sa confiance et sa méfiance. La mise en place de l’intrigue est délicate et bien posée, et si parfois on ne comprend pas au premier abord où vont nous emmener les informations que Pullman déroule au fil des mots, on finit toujours par retomber sur nos pieds et elles deviennent pertinentes plus tard.

Certaines choses cependant arrivent un peu trop à point nommé sans que cela ait été complètement amené précédemment, et, si ça ne casse pas entièrement l’immersion, cela peut faire froncer les sourcils. Je ne suis également pas satisfaite des dernières pages.

Je lirai la suite avec plaisir, notamment pour voir si mon insatisfaction peut être arrangée avec le début du prochain tome.


Je recommande cette lecture surtout à ceux qui ont déjà lu la première trilogie, comme certaines choses ne sont pas réexpliquées (à propos de la Poussière, notamment, puisque les découvertes majeures se font dans A la Croisée des Mondes, ou des dæmons, dont on pourrait ne pas complètement comprendre ce qu’ils sont sans avoir lu la première trilogie). Vous retrouverez, j’espère avec autant de plaisir que moi, les grands noms de lieux et de personnages qu’on a appris à connaître, à apprécier, ou non, au fil des tomes d’A la Croisée des Mondes.

Créée

le 27 nov. 2022

Critique lue 3 fois

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