J'ai été conquise ! Par Violet dès les premières pages, par l'histoire, par l'ambiance et par les personnages. Tout m'a plu dans ce roman qui se déroule en 1932 alors qu'Hitler est en train de prendre le pouvoir en Allemagne. Pour Violet qui vit en Angleterre, cela paraît bien loin et en même temps terriblement concret. En effet celle-ci a perdu pendant la Première Guerre Mondiale, son fiancé, Laurence, et George, son frère. L'ombre de la guerre plane donc en permanence, et ce, d'autant plus que les rapports avec sa mère sont très difficiles depuis. Son mari est également décédé et tous ces fantômes flottent entre Violet et sa mère.


Lassée de ses reproches, Violet, "femme excédentaire" restée célibataire après la guerre, décide de quitter sa ville natale pour s'installer à Winchester. Elle occupe un emploi de dactylo dans une compagnie d'assurance. Elle n'a que très peu pour vivre mais son existence va changer le jour où elle se retrouve dans une réunion du cercle des brodeuses au sein de la cathédrale de Winchester. Les brodeuses de Winchester ont le grand projet de fabriquer des agenouilloirs et des coussins pour les bancs de l'édifice religieux. Violet intègre le groupe et se lie rapidement d'amitié avec Gilda. Cette dernière lui fait rencontrer Arthur, un sonneur de cloches, qui ne la laisse pas indifférente.


Tracy Chevalier nous dresse dans ce roman, le portrait d'une femme courageuse, restée célibataire à une époque où le mariage donne un statut social. Violet se bat pour sa liberté et est terriblement moderne à cet égard. Elle ne voit pas pourquoi il lui reviendrait de s'occuper de sa mère malade alors que celle-ci pourrait parfaitement vivre avec son frère et sa famille. Elle ose partir seule en vacances alors qu'elle a parfaitement conscience de se mettre en danger. Elle préfère aller au cinéma quitte à devoir sacrifier un repas chaud. Bref, Violet, c'est une rebelle ! Au-delà de celle-ci, les personnages des brodeuses sont très attachants et Tracy Chevalier nous fait également découvrir l'art de sonner les cloches et la cathédrale de Winchester.


Alors je peux convenir que les thèmes de broderie et de sonnerie des cloches peuvent paraître terriblement vieillots, mais pourtant l'auteure sait nous les faire découvrir avec malice à travers les personnages de Gilda, de Dorothy, de Mabel ou encore d'Arthur. La relation entre Gilda et Dorothy (et les conséquences que cela engendre) sont assez convenues mais je préfère passer vite là dessus tant j'ai apprécié l'histoire. Au final Tracy Chevalier signe ici l'histoire d'une émancipation, d'une liberté durement acquise et je ne peux que vous recommander cette lecture.

MichigAnne
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le 3 oct. 2020

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