Ce livre commencé à l'été 2016 est resté 3 ans à prendre la poussière sur ma table de chevet. Passée la réception par Robin de la jambe coupée, je n'étais pas dans le bon état d'esprit pour continuer ce genre de lecture. En effet, je me souviens avoir été surprise de la dimension "gore" de certaines descriptions du Ver à soie. Le style de J K Rowling donne toujours des descriptions très riches en quelques mots, ce qui renforce la noirceur de ses écrits policiers.


J'ai repris ce livre cet été. Concernant l'intrigue policière, j'ai été satisfaite, même si, comme d'autres lecteurs, je m'attendais à un twist final plus remarquable. J'avais cerné le coupable au 2/3 de l'oeuvre globalement. Comme dit plus haut, ma surprise ne se trouve pas dans l'intrigue. J'ai en tête cette phrase de Virginie Despentes qui dit dans King King Théorie qu'on apprend aux filles à se méfier parce qu'on les aime en cadavre, et que la littérature propage cette idée. Je ne pense pas que J K Rowling ait lu ces lignes, mais néanmoins son roman montre une prise de conscience à ce niveau, et prend la forme d'un exercice de style sur le sujet. La série des Cormoran novels reprend les classiques du genre polar: un détective privé qui a quitté le monde policier/ militaire, fauché, à la vie sentimentale compliquée, etc... qui embauche une jeune assistante, qui s'avère être plus que ça. Encore une fois, et comme dans Harry Potter (dont je suis fan), le personnage féminin est en seconde place. En tant qu'auteure, J K Rowling perpétue ce cliché. Mais là, Robin se rebelle contre la place que Cormoran lui fait/ lui laisse, et indirectement se rebelle contre l'auteur. Elle veut prendre le pouvoir non dans l'histoire, mais dans sa vie. Elle prend le risque de suivre ses intuitions, peu importe le coût, même dans sa vie privée (je ne ferai pas de spoil ici). Elle bouscule Cormoran dans ses représentations, dans sa misogynie ordinaire en quelque sorte. Robin est prise pour cible en tant que femme, mais aussi en tant que "secrétaire de". Elle fait le choix de se défendre seule, et l'auteure lui donne des éléments biographiques d'empowerment (le stage de conduite par exemple). Cormoran n'en sort pas indemne, il doit apprendre qu'il n'y a pas de "seconde causes" dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Il y a donc un vrai travail féministe dans ce roman, le tout dans un polar qui respecte les codes du genre.

Demi_
8
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le 4 oct. 2019

Critique lue 104 fois

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