Après avoir lu les deux critiques, j'ai pensé "il faut que tu dises pourquoi tu aimes Richard Powers et son écriture". Je comprends que l'on puisse s'y ennuyer, je comprends que l'on trouve son cheminement lent et poussif. Il y a ainsi des livres dans lesquels je n'arrive pas à entrer alors que les critiques sont excellentes.
Mais si vous aimez l'art d’allier une intrigue qui au final représente peu, des données "scientifiques", une observation fine de la nature humaine, il y a de grandes chances pour que ce roman vous apporte beaucoup. Par dessus tout il y a la description du vol des grues, leurs migrations et leur mémoire, puisqu'il semble que ce soit un enjeu de ce livre (et pas le seul) : la mémoire, et ce que nous en faisons, la mémoire comme un miroir à notre identité.
J'ai lu, je crois, tous les livres de Richard Powers : celui-ci deux fois, comme l'admirable "Trois fermiers s'en vont au bal". Je reste toujours avec l'admiration pour "Le temps où nous chantions", œuvre aboutie qui allie musique et identité, sur fond de racisme. Ce sont des livres qui touchent à l'intime sans tomber dans le piège du pathos, sans essayer de nous appâter par des pirouettes d'écrivains. Les personnages y sont profonds, emplis d'une part secrète qu'il faut savoir débusquer, et beaucoup moins caricaturaux que ce que l'on pourrait penser, ils sont humains avec leurs contradictions et leurs faiblesses. En résumé, une lecture qui continue à cheminer même lorsque vous avez terminé le livre.