Katryn Stockett réussie à nous captiver tout au long du livre, avec en plus une belle écriture, sans lourdeur. Elle y décrit les décors et les personnages en nous imprégnant comme par magie de l'histoire, que l'on ne désire plus quitter jusqu'à la fin. Les rares fois où j'ai eu cette sensation, c'était pour les Millenium de Stieg Larson ou encore pour "le parfum" de Patrick Suskind. L'un des côtés magiques vient du fait qu'elle fasse parler ses personnages pour et par elles-même et qu'elle se soucie simultanément de ne pas parler "à la place de". On ressent un profond respect pour les trois personnages principaux et tantôt de la compassion puis de la joie. Un véritable tour de passe-passe !


Je l'ai également écouté en audiolivre, j'ai été agréablement surprise par la narration, malgré que les trois narratrices soient blanches. L'audiolivre me semble d'ailleurs une bonne alternative aux problèmes de lecture et laisse la possibilité de s'affairer à d'autres occupations tout en écoutant l'histoire.


Skeeter revient à Jackson chez ses parents et découvre que Constantine, la Bonne qui l'a élevé est partie définitivement. Elle est surprise et cherche à percer le secret que sa mère tente de lui cacher autour de ce départ. Elle était proche d'elle et l'a considérait comme sa mère. Sa mère est d'ailleurs décrite comme une personne raciste ou suivant malheureusement les moeurs racistes des années 60, dans cet Etat.


Aibeleen, l'une des Bonnes, est décrite comme une mère, tellement elle se préoccupe des enfants qu'elle garde et qu'elle éduque et dont la plupart des mères des enfants qu'elle a gardé, semblent si peu se préoccuper. L'histoire démarre par un fait cruel et raciste, qui est de mettre en place des toilettes séparées pour les Bonnes, pour les Noires. Cette idée raciste vient de la femme qui l'emploie et est détaillée par cette femme comme une faveur qu'elle fait à Aibeleen. Sous couvert d'une autre idée raciste, que les personnes noires auraient des maladies et qui serait la raison de toilettes séparées. Une époque où la ségrégation était sans doute à son comble, mais pour notre plus grand bonheur, on y parle aussi de Martin Luther King et de ses conférences et Marches pour les droits civiques.


Minny quant à elle, est un des personnages phares de l'histoire, elle relie les autres personnages malgré elle. Elle se fait congédier de l'un de ses emplois de Bonne par un personnage infect, qui semble la plus raciste de toutes, mais s'avère être l'amie de Skeeter. Minny pour se venger de cette violence, lui ramène un gateau au chocolat et à la "merde". Ce moment est jouissif, d'autant que cela permet à Minny de couvrir toutes les Bonnes.


Skeeter va à la rencontre de Aibeleen pour lui demander de l'aide dans un rubrique de conseils ménagers, auxquels elle ne comprend pas un mot. Aibeleen l'aide non seulement à conseiller mais aussi à ouvrir les yeux sur ce système raciste et la façon dont sont maltraitées les Bonnes. Elle lui demande alors de témoigner de cette maltraitance, puis demande à avoir d'autres témoignages, qui refusés au départ feront la trame d'un livre, dont l'éditrice finira par embaucher Skeeter.


Bien que cette histoire ne soit pas biographique, on apprend que la motivation de l'autrice vient de la disparition de Demetrie, la personne qui l'a pratiquement élevée, malgré qu'elle n'était considérée que comme une Bonne. Elle regrette au passage que cela ne soit pas autobiographique, tellement elle aurait aimé en être consciente dans sa jeunesse, tellement elle regrette de ne pas avoir agit pour Demetrie et les autres.


Un livre marquant et magistral, à lire de toute urgence, si ce n'est déjà le cas.

CoMafalda
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le 23 nov. 2019

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CoMafalda

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