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Écrire un roman policier n’est pas d’un singulière originalité dans le monde littéraire, et réussir à être différent dans un genre embouteillé de poncifs lus et relus tient parfois du miracle, ou d’une sacré imagination. La saga de Philip Kerr consacrée au détective berlinois Bernie Gunther s’affranchit des convenances habituelles avec un paysage historique rare, celui de l’Allemagne nazie. Alors que l’auteur écossais pensait tourner la page de son personnage né en 1989 après son troisième roman consacré au détective (regroupés dans La Trilogie berlinoise), il publie avec La dame de Zagreb le dixième roman d’une saga au succès international, qui s’enrichira dans les mois à venir d’un nouvel opus.


Durant l’été 1943, l’ancien commissaire de police criminelle de Berlin se voit confier une mission confidentielle par le ministre de la propagande en personne, Joseph Goebbels. Également directeur des studios de cinéma UFA, il s’est attaché à Dalia Dresner, une jeune actrice d’origine croate. Bien qu’Hitler lui-même soit intervenu à la demande de sa femme Magda pour le rappeler à l’ordre afin de préserver son mariage, Goebbels est décidé à voir figurer sa jeune muse dans son nouveau film de propagande.


L’actrice voulant à tout prix retrouver son père avant de se réfléchir à la proposition de Goebbels, ce dernier confiera à Gunther la tâche de le retrouver afin de lui remettre une lettre de Dalia. Au fin fond de l’Europe, au sein même d’un conflit ethnique entre croates et serbes, Gunther retrouvera celui qui, après avoir été prêtre, devint un tueur sanguinaire en uniforme nazi.


De Zagreb à Zurich, Bernie Gunther traversera une Europe à feu et à sang, en proie aux bombardements britanniques, pour suivre celle dont il est tombé à son tour éperdument amoureux. Ses déplacements pour Goebbels seront l’occasion de missions annexes pour le général dirigeant le service dans lequel l’ancien policier a été placé, et il ne tardera pas à découvrir que la neutralité helvète n’est pas forcément signe d’un séjour paisible.


Roman un peu éclaté sur tous les fronts, La dame de Zagreb s’intéresse beaucoup aux rapports de la Suisse avec ses voisins pendant le conflit, pays neutre doté d’une grande armée, ne prenant pas part à la guerre mais prêt à se défendre de l’invasion militaire rêvée par Hitler. Malgré une histoire un peu touche-à-tout, ce roman se lit avec entrain essentiellement grâce à son personnage principal, cet allemand en uniforme qui déteste les nazis et ne manque pas de leur dire, et qu’on aime voir passer d’un roman à l’autre au travers des mailles du filet grâce à quelques relations bien placées.

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le 30 janv. 2016

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Brice B

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