Cette critique porte sur le premier tome de la trilogie de fantasy Le Soldat Chamane écrite par Robin Hobb (plus connue pour son cycle de l'Assassin Royal). Attention, selon les éditeurs le découpage des volumes n'est pas le même : certains ont tendance à découper les tomes en deux (ou plus !). Cette critique porte sur le premier tome du découpage original tel qu'on le trouve dans les éditions les plus récentes.


En bref : Jamère est le deuxième fils au sein d'une toute nouvelle classe d'aristocrates. Il n'aura pas à gérer le domaine comme son frère aîné sous la poigne de fer de son père, mais en suivant la carrière militaire comme le veut la tradition. Quand ledit père a justement gagné son titre par sa valeur martiale, il s'agit d'être à la hauteur... Pourtant, au contact des Kidonas et des Ocellions - races ennemis de son peuple - le destin de Jamère va être transformé. Il se dirigeait consciencieusement vers un avenir aussi propre que planifié. Strict certes, mais dans la meilleure tradition familiale. Mais la magie refuse de s'éteindre sans combattre face aux nouveaux jouets technologique et, pour le meilleur ou pour le pire, elle a choisi Jamère pour être son champion.


Le Soldat Chamane est le troisième grand cycle de Robin Hobb (avec bien sur *l'Assassin Roya*l et les Aventuriers de la mer), on y retrouve sa patte habituelle. Un peu moins sombre - initialement en tout cas - l'histoire est pleine de pépins, de dilemmes et problèmes insolubles auxquels va faire face notre héros. Aussi c'est bien normal si ce dernier va hésiter, tanguer dans tous les sens, et globalement, se faire malmener dans la plus pure tradition Robin Hobbienne !


Cependant, l'univers où se déroule la présente histoire est très différent de ses autres écrits, et il n'est pas sans rappeler les États-Unis d'Amérique vers la fin de leur grande expansion vers l'Ouest. Le peuple de Jamère, nouveaux venus (relativement) sur le continent a entamé une rapide expansion. Les Kidonas vont office d'indiens locaux ayant fini par être vaincu, exterminés ou assimilés selon les cas : ils tentent de leur mieux de préserver leurs coutumes et mode de vie. Mais les envahisseurs, leur technologie supérieure et surtout leurs armes de fer les ont chassés.


Une des raisons qui, selon moi, font que ce cycle est moins apprécié que les autres, c'est que l'occidental moyen éprouve un certain malaise quand on lui rappelle discrètement le génocide culturel que reproduit le peuple de Jamère devant nos yeux de lecteurs. Soyons clair malgré tout, ce dernier n'est pas méchant, et globalement les siens sont convaincu d'agir pour le bien de tous en "cultivant" les barbares.


Outre la présence de la magie qui va notablement compliquer l'histoire, Robin Hobb a rajouté à son scénario un autre facteur clé : les Ocellions. Ce peuple mystérieux vit en bordure des terres dites civilisées, et contrairement aux Kidonas, ils ne se sont pas encore résignés à la défaite ! Ils sont même prêt à tout pour bouter l'envahisseur, y compris les moyens les plus horribles. Et c'est sans doute là le génie de l'auteure, c'est qu'indépendamment du contexte, chaque faction à ses héros qui sont honnis par leurs adversaires. Chacune a aussi ses ordures, ses manipulateurs et ses parasites... ce qui fait que, finalement, l'œuvre est beaucoup moins manichéenne que ce qu'on aurait pu y attendre !


Jamère est sympathique dans l'ensemble, et on suit ses aventures quand il découvre son monde puis celui des ennemis, accompagné par ses formateurs d'abord, puis ses camarades militaires, et enfin ses sœurs et cousines, véritables touches de bonté dans un univers résolument sombre. Le seul bémol dans cette aventure, c'est le manque de charisme de Jamère. Attention, c'est totalement voulu : on a affaire à un jeune homme bien intentionné, mais ne devient pas héros qui le veut. Du moins pas immédiatement. Les épreuves et la magie prennent leur obole et le pauvre Jamère est souvent dépassé.


Passé ce fait, l'histoire en elle même est très bien, un peu lente peut être puisqu'il s'agit d'un tome d'introduction, mais la fin rattrape tout. Sans spoiler, c'est vraiment mon gros coup de cœur : cette épreuve finale qui bouleverse toute la vie, l'univers même de Jamère et prélèvent un bien lourd tribu. On dira ce qu'on voudra de Robin Hobb, mais elle sait faire souffrir ses personnages tout en touchant notre corde sensible. Et nous, sadique que nous sommes, nous compatissons... et continuons à lire avec toujours plus d'avidité !


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Cluric
8
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le 6 avr. 2017

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